Je dois avouer que j'allais voir ce film un peu à reculons. Je n'ai vu qu'un Lanthimos (Canine, un chef d’œuvre à mon sens) et le battage médiatique autour de celui-ci laissait entrevoir quelque de chose plus mesuré, de plus consensuel. Et c'est le cas. C'est extrêmement consensuel.
Ce n'est pas la mise en scène baroque et burlesque qui me fera dire le contraire. D'accord, les décors sont jolis. Oui, les acteurs sont bons. Mais... c'est un peu vide tout ça finalement. L'émancipation de Bella est évidemment le cœur du film mais c'est prévisible au possible. On ne sort jamais des sentiers battus pour finir par aboutir à "Mon corps, mon choix". Le film soulève des évidences et les agitent comme s'il venait de faire une découverte. Mais, c'est juste du déjà vu. Oui, une femme est libre de disposer de son corps. Merci film de me rappeler cette évidence qui ne bouleversera pas ma vie.
C'est un conte moral, très propre, jamais sale. Qui se contente de faire genre, de bien se montrer, histoire de se faire accepter en société et d'être rentable. Parce qu'on est loin de son Canine. Là, c'est Hollywood, de grosses têtes d'affiches, un budget confortable et ça doit se rentabiliser. Certes, il traine son projet depuis longtemps. Mais, c'est soft. Vraiment soft.
La mise en scène n'est pas renversante. Parfois, c'est drôle. Parfois, c'est triste. Et c'est tout. Alors on met de la musique forte (ça m'a crevé les tympans cette merde) pour faire comprendre au spectateur ce qui arrive à Bella, le plaisir lorsqu'elle baise, la douleur lorsqu'elle découvre l'horreur du monde. Le dernier acte du film est de trop, il vient rajouter une longueur supplémentaire pour finalement se répéter encore. Ça vient juste apporter un peu d'humour à la conclusion. "Chéri j'ai mis un cerveau de chèvre dans le corps d'un miso !" (C'est donc ça l'humour en 2024 ?)
Bella découvre le monde et apprend qu'on vit dans une société, entourée par une galerie de personnages de qui elle apprend d'une manière ou d'une autre. Elle finit par s'émanciper et prendre son destin en main parce que peu n'importe qui nous sommes dit le film, c'est ce que l'on fait qui importe... paie ta morale à deux ronds. C'est lisse, naïf et mièvre. C'est donc ça le féminisme ?
C'est un conte moral très basique, sans grand intérêt mais ça a le mérite d'expliquer le battage médiatique autour de celui-ci.