Après avoir réalisé The Lobster, où il dépeint une satire des injonctions à se conformer aux normes relationnelles et au bonheur, la Mise à mort du cerf sacré, dans lequel il construit, dans une atmosphère oppressante, un thriller centré sur la culpabilité et la responsabilité individuelle, et enfin La Favorite, par lequel il explore les dynamiques de pouvoir et de manipulation, Yorgos Lanthimos confirme, avec Pauvres Créatures, qu'il est devenu un auteur qui compte dans le cinéma américain.
Suite au succès de La Favorite (film le plus nommé aux Oscars en 2019), il revient avec Emma Stone dans un voyage initiatique, Pauvres Créatures (Lion d'or à Venise), qu'il insuffle de nombreuses références, allant de Frankenstein à Candide de Voltaire. Le film se concentre sur la quête de connaissance et d'identité de Bella Baxter, dernière créature du Docteur "God" reflet du scientifique Frankenstein dans l’excès de curiosité sans prudence et de la responsabilité morale de la science. La créature, Bella Baxter, va assez rapidement quitter son créateur, pour se découvrir, pour apprendre à ressentir, à développer son propre désir (sexuel ou autre), et se demander de qui dépend son libre arbitre, la question féministe étant au centre du film. Initialement candide et sans filtres, elle va se confronter au monde et à la société superficiels. Suite à une série d’événements et de choix moraux, Bella apprend à cultiver son jardin et à prendre contrôle de sa vie.
Comme ses films précédents, que ce soit dans le storytelling du film, sorte de conte initiatique, dans la mise en scène, mélangeant les différentes prises de vues, visuellement, où certains plans donnent l'impression de sortir d'un tableau, Pauvres Créatures est marqué par la critique sociale et l'absurde.