Le pédofilm
En bon film freudien, la découverte sexuelle enfantera l'adulte. On voit que dans le film c’est le seul aspect qui intéresse Lanthimos quand il met un cerveau de bébé dans un corps mature. Par exemple, jamais il ne sera question d’autres concepts corporels, comme se raser (les jambes, les aisselles), les menstruations ou d’autres inconnues physiques que pourrait expérimenter un enfant sur dans un corps de femme adulte. Il est intéressé par une seule chose, faire découvrir le plaisir sexuel à un enfant sans que cela paraisse pour de la pédophilie (bah oui le gros malin l’a mis dans un corps mature). Excuse limitée, puisqu’il signifie que la pédophilie n’est qu’une affaire de corps et non une affaire d’âge. Il insinue que si un enfant aurait un corps adulte, les limites morales du sexe devraient être repoussé pour l’épanouissement de l’enfant. Si je voulais parler en freudien, je dirais que les pulsions pédophiles refoulés du spectateur (et du réal) sont mises en scène afin de les satisfaire (le nombre de scènes de sexe en témoigne, il aurait pu nous les faire suggérer). D’ailleurs, l’un des personnages du film tombera amoureux dès le plus jeune âge du bébé et se fiancera. Quel plaisir pour le réalisateur de faire marier un bébé à un adulte ! Il ne va pas lésiner sur le soi-disant partage d’amour entre les deux, comme si malgré le delta d’intelligence, ils pouvaient s’aimer…
Libéralisme tout puissant
Bella Baxter est éduquée dans la pensée scientifique, paternelle et divine (God est le père). Deviner quelle idéologie proclame le film ? Bien entendu le libéralisme nihiliste. A l’instar d’un conte, c’est par ses erreurs que l’enfant va comprendre le monde (la fameuse comparaison idiote de l’enfant qui doit se brûler pour ressentir le feu). Donc le film va s’efforcer de montrer un personnage enfant qui au fil des erreurs va se bonifier, s’améliorer. Déjà, on nous montre un enfant qui veut tout tester afin d’accumuler des savoirs et de croître son expérience (le champ lexical de l’entrepreneuriat sort naturellement de sa bouche). Le chapitre le plus dégueulasse politiquement est celui d’Alexandrie. L’enfant découvre un camp de migrant dans lequel « les enfants et les bébés meurent » (parallèle évident avec le cerveau de bébé de Bella qui a grandi dans la luxure). Elle va ressentir un besoin instinctif de réduire cette injustice en voulant rejoindre le camp. Mais deux forces vont la contraindre, parce que le réalisateur a détruit le pont entre eux (très fin la métaphore mais on a l’habitude), et parce que le personnage cynique va la retenir physiquement. Pour Bella, il faudrait leur donner de l’argent pour réduire leur inégalité, ainsi un riche va cotiser pour un pauvre. Mais le film va nous faire comprendre que c’est une erreur puisque les intermédiaires (les marins) vont garder l’argent et que le cynique va lui apprendre que « on ne peut pas aider tout le monde » en parlant des pauvres en général, mais des migrants pour le cas précis. Je me demande quel bord politique a cette rhétorique conservatrice et mensongère. Deuxième cas qui dévoile l’idéologie libéraliste mortifère du réalisateur, le chapitre de la prostitution parisienne. L’enfant va devoir donner son corps au marché du sexe parce qu’elle manque d’argent. Jamais le film ne va questionner cet acte, il le montre comme logique. Encore plus vicieux, il le fait passer comme socialiste. J’ai failli vomir quand elle dit qu’elle est « son propre moyen de production » tout en allant à un meeting de gauche. D’ailleurs, la prostitution n’aura aucun impact sur son corps ou son mental. Un enfant se prostitue mais jamais la caméra ne va filmer l’acte de donner son corps comme une souffrance. En gros libéral abstrait qu’est Lanthimos, c’est comme si elle vendait des chaussures. Aucun client violent à son insu, aucun client mauvais payeur, aucun client violeur, aucune séquelle mentale, rien.
Finalement, Poor Things de Yorgos Lanthimos est un manifeste de pédophilie et de libéralisme abstrait (pléonasme). Bonne chance aux cinéastes de 2024 pour faire pire et que le meilleur meurt.