Dans "Pauvres créatures", nous suivons le parcours d'un être tout juste né - tout juste créé plutôt - au corps d'adulte mais au dialecte partiel et enfantin qui grandit dans une maison cloîtrée. Cette créature arriérée à mobilité réduite doit apprendre à s'approprier le langage, les coutumes et les conventions d'une société dont elle ne connaît rien si ce n'est le dogmatisme présent autour de son père spirituel, dit le "God". Après une première partie dans laquelle Bella découvre la vie telle qu'elle lui est apprise chez les Baxter, le réalisateur nous plonge dans l’odyssée d’un Frankenstein moderne et féministe conté avec beaucoup de créativité artistique.
Le film est très spécial, autant dans son approche artistique que scénaristique. Visuellement, ça claque. On a le droit à beaucoup de grands angles, les couleurs vives et monochromes attirent autant le regard que les nombreux détails parsemés dans les décors qu’il faudrait certainement plusieurs visionnages pour apprécier à leur juste valeur. Les décors gothiques et baroque font vraiment penser à du Burton. et l'utilisation du noir et blanc fonctionne à merveille. Bref, un vrai kiff !!! De plus, l'écriture est plutôt très bonne. C’est foutrement bien ficelé, chaque chapitre a son intérêt et jamais, Ô grand jamais, le film ne s’égare dans son récit.
Le casting est dans sa majorité très convaincant mais grand coup de chapeau à Emma Stone, véritable déesse au sommet de son art. Une de ses plus grandes performances sans aucun doute.
Bref, derrière son excentricité, on trouve dans "Pauvres Créatures" un mélange de glauque et d’humour noir auquel on est obligé de rire ou au moins d’esquisser un sourire. C'est un film qui "se lâche"... Un film qui ose… qui sort des sentiers battus et de la bienséance habituelle et ça fait du bien ! Ca fait du bien dans ce paysage d’œuvres souvent trop sages, très convenues et consensuelles. Si vous avez détesté Barbie, y a de grandes chances que vous appréciez celui-ci qui fait dix fois mieux le taf. Un vrai bon moment !!