C'est un peu à chaud que je vous fait mon retour de cette expérience qu'est Pauvres Créatures, faire une analyse profonde en sera par conséquence un peu trop difficile, d'autant qu'il y a beaucoup d'effet de style dans la mise en scène et que chez ce grand réalisateur, rien n'est jamais gratuit.
Si je devais faire un reproche avec mon maigre recul, c'est davantage dans son style intellectuel qui oublie de nous faire vivre sentimentalement les choses que le bat blaisse. En cela Pauvres Créatures rate un peu plus le coche que d'habitude car c'est un défaut que l'on retrouve souvent chez Yorgos Lanthimos, on réfléchi plus qu'on ne ressent. Ce n'est pas qu'on ne ressent rien, mais l'implication pour le récit n'est pas toujours aussi puissante que j'aimerai.
Sur tout le reste, le film est un véritable bijou sur tous les points, ce véritable cabinet des curiosités, son inventivité, sa crédibilité improbable et sa symbolique sont au petits oignions. La condition humaine traité au travers du prisme de la femme sur tout ces angles, mais aussi des hommes qui gravite autour d'elle, offre un pur bonheur de justesse et de cohérence. Après cela reste le regard d'un homme réalisateur, mais ça tombe bien c'est aussi le propos du film. Il dit beaucoup sur notre société, nous même et évidement la condition de la femme, voir la libération de Bella et les étapes qu'elle franchi est en cela hautement jouissif.
Emma Stone est divine, mais pas seulement, tout les acteurs sont parfait et cette mise en scène est un modèle d'élégance doté d'une bande originale qui, dès les premières notes teinte le film avec une justesse magistrale. À découvrir d'urgence pour les cinéphiles, amateur de genre bis mais aussi ceux qui cherche à voir un film qui sort véritablement des sentiers battus. Pauvres Créatures frappe fort et avec une précision redoutable, tout en faisant rêver d'un monde meilleur alors qu'il semble si repoussant au premier abord. Un film aussi attachant que superbe.