Dans la filmographie des grands réalisateurs, et Masaki Kobayashi en est assurément un, il convient de ne pas négliger les longs-métrages supposés mineurs et qui recèlent parfois de belles surprises. Il en est ainsi pour le cinéaste japonais avec, par exemple, Je t’achèterai, mais aussi Pavane pour un homme épuisé (La jeunesse du Japon, si l'on traduit littéralement son titre original), dont la densité romanesque (une adaptation de l'auteur japonais du célèbre Silence) et l'humanisme donnent le frisson. Au-delà d'un assez classique affrontement entre la génération des pères, qui ont connu la guerre, et des fils, qui ne savent que faire de cet héritage, dans le Japon de la deuxième moitié des années 60, c'est l'intelligence de la narration, avec des flashbacks superbement enchâssés et deux voix off contradictoires, qui impressionne le plus. Loin d'être un simple mélodrame, le film use parfois d'un ton sardonique, voire délibérément comique, autour de son anti-héros qui a beau être considéré comme un lâche par certains de ceux qui l'entourent, n'en est pas moins un honnête homme, avec ses failles et ses erreurs. En dépit d'une ou deux coïncidences trop marquées dans son déroulement, Pavane pour un homme épuisé fait partie de ces pépites japonaises, et elles sont légion, que l'on découvre avec une intense jubilation.