De ce que j'ai vu jusqu'ici du cinéma Tsui Hark, c'est de l'humour, c'est une (très !!!) petite pointe de plaisir on va pas s'en cacher mais c'est surtout un scénario, malgré quelques bons éléments mais mal employés, qui se résume à baston, baston, baston et baston et encore baston... De ce que j'avais vu jusqu'ici du moins, car "Peking Opera Blues" est de l'excellent cinéma où les défauts du réalisateur sont aux abonnés absents ou du moins trop peu présents pour être gênants un seul instant.
Les décors font parfois un chouia trop studios, il y a quelques facilités scénaristiques mais on prend sérieusement son pied à regarder ce film. Le film mêle en toile de fond des événements parfois tragiques et en premier plan une farce irrésistible donnant à des séquences aussi inspirées qu'hilarantes (la représentation théâtre où deux des héroïnes jouent ensemble à la surprise générale, dont celle du spectateur, est magnifique esthétiquement tout en se faisant se plier en deux de rire !!!). Les séquences de baston et d'action sont bien évidemment là (la course poursuite sur les toits est un grand moment de cinéma !!!), mais contrairement à bien d'autres films du cinéaste ils servent le film d'abord en ne l'étouffant pas et surtout en lui insufflant un rythme particulièrement haletant. Le tout est très bien équilibré.
Mais surtout ce qui fait la belle réussite du film ce sont les personnages, et surtout les trois personnages féminins...
La fille du général, garçonne et androgyne, partagée entre ses convictions qui la poussent à se rebeller contre la politique de son père et l'amour qu'elle porte à ce dernier est un personnage doté d'une très grande profondeur (le plus beau des personnages du film même !!!), subtil mélange entre force et fragilité.
La fille du directeur de troupe qui elle aussi se rebelle contre son père qui l'empêche de jouer à une époque où la plupart des femmes n'avaient pas le droit de devenir actrice insuffle un agréable vent de féminisme.
Quand à notre troisième et dernière héroïne, chanteuse légèrement (voire même considérablement !!!) portée sur la vénalité qui la pousse à commettre un grand nombre de gaffes et qui se retrouve bien malgré elle à participer aux événements, c'est principalement elle qui apporte de l'humour à l'ensemble. Elle sert aussi de fil d'Ariane entre les deux autres protagonistes féminines.
La séquence où ces dernières (jouées par trois actrices formidables !!!) sont réunies enivrées au coin du feu est aussi sensuelle que pétillante, j'adore...
Non mais franchement pourquoi Tsui Hark n'a pas continué à faire d'aussi grands films. Des séquences d'anthologie, des héroïnes fortes,... comment ne pas prendre son pied ???