Vu que les cinémas resteront sans doute fermés encore longtemps, il faut bien se mettre quelque chose sous la dent pour combler l'attente.
L'argument de Penguin Bloom fleurait bon, à ce sujet, le pis-aller. Même avec la toujours jolie Naomi Watts en tête d'affiche. Et l'on redoute le mélo purement lacrymal, celui qui prend en otage, avec le canon d'une arme plaqué contre ta tempe, en te serinant toutes les cinq minutes son classique "tu vas pleurer, merde ?".
Et si le film n'en est pas complètement exempt, le déroulement de cette histoire se fait de plus en plus attachant, de plus en plus émouvant, et parvient sans mal à se frayer un chemin dans l'inconscient.
D'autant plus que le prétexte, l'accueil d'une pie, est d'autant moins commun qu'il ne peut que se révéler être une histoire vraie, argument supplémentaire à même de séduire la ménagère qui est réputée pour se contenter de peu.
Alors oui, le cheminement est archi attendu, le happy end obligatoire. Mais avant d'en arriver à ces évidences, Penguin Bloom associe un drôle de duo peu commun, deux faiblesses en convalescence, physique ou psychologique, pour jouer sur de jolies idées, assez bien vues, comme celle de s'arracher à la terre où l'on est cloué pour caresser l'air de ses ailes sans entrave. Ou pour renouer avec l'eau. Soit les composantes évidentes, l'identité, la raison de vivre d'un oiseau et d'une femme brisée qui ne pourra jamais renouer totalement avec sa vie d'avant le drame.
Penguin Bloom affronte aussi avec courage la question du handicap et de ses répercussions sur la famille. En posant la question du curseur entre la compassion envahissante, la peur de mal faire ou, au contraire, de négliger et d'isoler. Et de toutes ces maladresses dont on ne se rend parfois même pas compte avant de blesser, de remuer la douleur et les mauvais souvenirs.
Tout en évoquant la place de l'autre et ses souffrances. Celle du valide, poussé au premier plan du quotidien de la famille. Celle de la victime du handicap, qui se trouve spoliée de son rôle de mère et essaie de ne pas peser sur la vie de son époux et de ses enfants.
Penguin Bloom essaie aussi de poser les mots sur le sentiment de culpabilité et sur les remords, qui font explorer les "et si" de manière mortifère. Ou encore d'illustrer ces rancunes inconscientes mais terriblement pesantes.
L'irruption de cette pie au sein de la famille Bloom permet cependant d'alléger le propos de quelques facéties animales drôlatiques, mais surtout, de matérialiser cette évolution conjointe, l'apprivoisement de l'autre au moins autant que de ses propres blessures. Permettant de convoquer à l'image une tendresse assez désarmante par instants.
Cette convalescence, cette reconstruction, ce retour à la vie, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, tout cela fait le prix de ce Penguin Bloom et du message d'espoir solaire qu'il porte.
Juste de quoi se rappeler qu'il existe encore un tout petit peu de beau et de lumineux en ce monde .
Behind_the_Mask, quand son coeur fait Bloom.