Pentagon Papers renoue avec un type de cinéma américain qui faisait florès dans les années 70, engagé, contestataire et néanmoins prompt à sacrer de nouveaux hérauts de la démocratie. Mais c'est aussi dans une veine proche de celle de Capra que se situe Spielberg avec des qualités et des défauts communs, comme cette exaltation de valeurs comme l'honnêteté et l'amour de la vérité qui a tendance à évacuer tout ce qui pourrait faire obstacle à la morale recherchée. Comme si après la thèse et avant la synthèse, il n'y avait pas d'antithèse. Si la mise en bouche du film peut paraître un tantinet laborieuse et assez bavarde, dès que le sujet majeur prend corps, Pentagon Papers ne cesse d'accroître sa vitesse de croisière, utilisant les armes du thriller avec une efficacité redoutable. Il y a plus que de la nostalgie à évoquer l'époque (largement révolue aujourd'hui avec les réseaux sociaux) où la presse jouait un rôle de contre-pouvoir face aux autorités et pouvait leur dire non. Spielberg colle aux classiques américains de cette période mais évite les écueils d'un classicisme trop marqué, non seulement par la fluidité de sa mise en scène mais aussi par le soin apporté à un autre sujet que celui de l'indépendance de la presse, qui de mineur au départ devient le deuxième grand thème de son film. A travers le portrait de Katharine Grahame, qui préside aux destinées du Post après le décès de son mari, Pentagon Papers loue le courage et l'esprit de décision d'une femme, peu préparée à son rôle et évoluant dans un milieu mondain aux idées bien arrêtées concernant ce qu'un journal peut ou ne peut pas dire. La composition subtile de Meryl Streep est définitivement l'un des atouts majeurs du film et atténue son côté parfois démonstratif.

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le 27 janv. 2018

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