Boredom of press
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En pleine post-production de Ready Player One (dont la sortie prévue dans à peine deux mois), comme pour réagir à l’actuel gouvernement américain, Steven Spielberg accouche en un temps record d’un « newspaper movie » haletant, où les puissances de la presse et la liberté d’expression sont à l’honneur.
En écho au rapport catastrophique qu’entretient Donald Trump avec les grands journaux de son pays, ce film étale toutes les pressions politiques, judiciaires et économiques que subissaient en 1971 les journalistes du Washington Post, lorsqu’ils s’apprêtaient à rendre public les mensonges de divers présidents américains au sujet de la guerre du Vietnam (avec pour source les fameux Pentagon Papers du titre). Face à un Tom Hanks en totale roue libre, Meryl Streep incarne avec justesse celle sur qui tout repose : Katharine Graham, dont le combat pour exister au sein de la direction du Post, ce monde d’hommes qui ne se privent pas de lui rappeler qu’elle n’est qu’une héritière inexpérimentée, apporte au long-métrage une dimension féministe passionnante.
Evidemment, malgré la documentation irréprochable du scénario, cette histoire dont on connait déjà la fin aurait pu nous paraître outrancièrement académique dans son traitement, voire balisée. Sauf que Pentagon Papers évite tous les formatages du genre et offre, à l’instar d’un Révélations ou d’un Zodiac, une idée de cinéma à chaque cadre.
Puisque Spielberg ne change jamais une équipe qui gagne, nos critiques restent les mêmes depuis des années : Les mélodies entraînantes de John Williams continuent de nous émouvoir, le monteur Michael Kahn assure toujours un rythme d’une grande lisibilité et Janusz Kamiński, brillant chef opérateur, trouve dans les néons vintages du Washington Post un lieu d’expérimentation idéal pour ses inlassables atmosphères lumineuses, faites de magnifiques contre-jours et de blancs célestes impressionnés sur de la pellicule 35mm.
À travers cette corrélation de talents, la talentueuse rédaction du Washington Post est filmée avec autant de fougue que pour une course poursuite avec Tom Cruise dans Minority Report : plans-séquences, éclairages audacieux, inserts et immenses travellings à tout va, comme pour métaphoriser l’excitation générale que provoque le journalisme d’investigation.
Des allers et venues des personnages au cliquetis des machines à écrire, en passant par le vrombissement de l’imprimerie, ces bureaux deviennent, via la maîtrise scénographique de Spielberg, un lieu d’incarnation très cinégénique de la démocratie américaine… Comme l’étaient les tout aussi passionnants Lincoln et Le Pont des Espions, dont Pentagon Papers assure la continuité esthétique et thématique. Encore un excellent cru dans la filmographie du cinéaste.
Critique publiée chez Les Brouillons du cinéma et Le Quotidien du Cinéma
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de Steven Spielberg et Les meilleurs films de 2018
Créée
le 28 janv. 2018
Critique lue 217 fois
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