Boredom of press
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Il est vrai, Spielberg bouffe à tous les rateliers. Il est vrai, il a du talent.
Peut être un des derniers grands a ne pas cabotiner, a ne pas oublier que le film se passe devant la caméra et qu'il faut savoir disparaitre pour servir son sujet.
Cependant, comment réaliser un film qui a déja été fait? Comment intégrer un sujet qui, bien qu'actuel, ne sera jamais qu'un énième film journalistique?
Les Hommes du président sont évidemment partout en filigrane et je dois dire, avec un certaine lourdeur.
On dira merci à Janusz Kamiński pour ce bon vieux filtre gris-bleu rappelant ces années 70 new-yorkaises, bureaucratiques, épaissement moquettée, sentant la clope froide. On s'y croirait.
Enfin non, on se croirait dans un remake dudit Hommes du président.
Ici, la preuve par l'image : On ne filme pas une époque comme elle était mais comme on se la représente rétrospectivement.
On flirte avec la nostalgie, le fantasme hippie, l'imprimerie toute chaude qui sent bon l'encre fraiche, la sueur et le café dans des redactions open space où tout le monde court entre deux coup de téléphone à cadrant. L'ambiance n'est pas ratée, non. Enfin, passont sur ces embarrassants "flares" et cette lumière crue en extérieur qui rendent le décor et la mise en scène parfois si artificiels. Oui, clairement, je suis éblouie. Mais par un spot.
Le soucis principal ici réside dans ce féminisme bon ton dont Spielberg se targue. Là encore l'artificialité. Kay Graham serait la femme pivot, celle qui en quelques jours prend la place qui lui est due dans le monde, passant de veuve effacée à chef d'équipe déterminée. Personnage de peu de substance, la suivre nous emmène dans l'autre dimension des 70's, celles des femmes toujours seconds roles, secretaire, femmes au foyers. Comme si ce choix de la mettre en avant aujourd'hui rachetait les précédents de ce vieux Steven. C'est si facile d'être feministe quand on en parle sur le tapis rouge, mais qui de ces vieux du cinéma peuvent prétendre à la spontanéité?
Kay à pourtant tout du personnage écrite par un homme. Elle est gentille, douce, pense a ses enfants, elle demande conseil, écoute, reine du relationnel. Elle a cette "solidarité féminine" qui la rapproche de Juanita-la-secretaire-au-smic. Sortant de son procès, Vierge Marie en jolie robe, descendant parmi ses apôtres femmes. Les flash sont pour les homme en costumes noir, mais elles luttent en silence. Après tout, elles connaissent les mêmes injustices non? Qu'on soit riche héritière ou fille d'immigrés, prolétaire du monde unissez vous.
On est a deux doigts de l'insulte.
Inutile de préciser de la dite Meryl Streep a perdu 10 ans numériquement pour son rôle. Ha.Ha.
Là ou aurait pu avoir lieu une vraie réflexion sur le traitement de l'information, le choix et l'éthique du journaliste, son role dans la société et la conivence politique, en écho nécessaire à notre époque contemporaine, Spielberg a choisit la facilité.
Pourtant le fétichisme avec lequel est montré l'impression et le travail d'écriture, la matérialité des documents, journaux, le bruit du papier, la vie dans la rédaction... j'y ai cru un instant. Dommage.
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