Perfect Blue
7.8
Perfect Blue

Long-métrage d'animation de Satoshi Kon (1997)

Il y a des films comme ça, avec des affiches intrigantes, qui procurent une putain d'envie de visionnage.


Cette affiche bleue n'en fait pas partie. Ce qui est d'autant plus dommage qu'elle ne représente pas au mieux ce qu'est le film.


http://images1.wikia.nocookie.net/__cb20100916232422/satoshikon/images/a/a1/Perfect_Blue.jpg


Voilà. Ça c'est mieux. Super belle,donant très envie tout en étant très représentative, et toujours aussi énigmatique avec cette belle femme puzzlée.


Splendide poster pour une oeuvre complexe du grand et tristement défunt Satoshi Kon qui nous a quitté à 46 ans. Beaucoup trop tôt. Un film qui, n'en aura pas l'air à première vue, demande énormément de maturité. En effet, il serait improbable d'en partager le visionnage avec un enfant à cause de thèmes durs et scènes éprouvantes proposées qui, d'autant plus, les ennuieraient plus qu'autre chose.


Une des premières scènes se déroule...sur une scène. On aperçoit une jeune fille, Mima, qui chante devant un encore plus jeune public, dans une tenue affriolante. Très vite l'artiste va comme se multiplier en trois, après avoir caché ses deux partenaires dans un ultime concert. Le thème du trouble de la personnalité est déjà supposé, et sera mis en avant tout le long du film. L'histoire d'une fille quittant son groupe pour devenir une actrice indépendante. L'histoire d'une femme qui fait le lien de ce qu'elle est, et ce qu'elle aurait voulu être. Une japonaise qui en veut, qui tente le tout pour le tout, au risque de tout perdre, pour enfin réaliser ses rêves, au détriment de sa réalité actuelle qui est pourtant tant fantasmé. Satoshi Kon lui aussi, nous fait rêver, avec ce superbe long-métrage qui s'avère être un dur thriller psychologique.


Le film est dur, assez éprouvant à l'instar de la vie de notre splendide Mima qui se risque en se mettant dans un rôle délicat pour se trouver un nouveau statut de Star de Cinéma. Mais son image est vite mise à l'épreuve, suite à son abandon du milieu musical, mais également par la fameuse scène qu'elle prépare à tourner qui pourrait s'avérer être dégradante dans un monde de superficialité.


Puis de l'autre côté, y a les fans, enfin surtout un, LE Mimaniac. Un homme comme il en existe tant, un solitaire qui vit pour sa star, qu'il tente de côtoyer au maximum, qu'il rêve de s'approprier et de défendre jusqu'au bout son idole de toujours. La fanatisme rajoute un côté sombre et perturbant dans cette oeuvre déjà bien glauque et dramatique, où notre héroïne menace de sombrer vers un trouble indéfinissable, au vu de la violence psychologique dont elle fait l'objet, avec notamment ses lettres anonymes et ces différents 'attentats'.


Ce premier film est digne de n'importe quel chef d'oeuvre de grand cinéaste connu, qui frôle le génie tant son histoire est complexe, et j'estime qu'il mérite d'être analysé, attention, ça va Spoiler du grand art. Rendez-vous au dernier paragraphe pour savourer pleinement le film pour votre première vision.


Le récit se situe dans un environnement réaliste et bien connu d'entre nous, celui des otakus qui ne vivent que pour regarder leur idole de manière obsessionnel. Cet homme dispose de traits de visage extrêmes voir difforme et voue une culte terrible jusqu'à s'imaginer discuter avec ses photos.


La mise en abyme du passage à la chanson au monde du cinéma est également vertigineuse. La femme est perdue, nous aussi. Au point qu'on ne sait plus, qui regarde qui, quelle est la vérité, quelle est la fiction. Durant sa quiétude, Mima reçoit un appel étrange suivi d'un fax, elle se tourne face à la caméra en s'adressant à nous en lisant "Qui êtes-vous ?". Nous, le spectateur, nous somme le premier 'violeur' à pénétrer dans l'intimité de cette triste japonaise. La totalité des scènes disposant de notre protagoniste montre un plan sur une fenêtre afin de mettre en évidence le fait qu'elle soit observer aussi bien par nous, que son fanatique.


Alors que sa côte descend à l'inverse de ses anciennes partenaires, Mima chute vers une paranoïa, une folie. Folie également partagée par cette manager, qui contrôle Mima comme un pantin, comme elle-même aurait voulu être, rêvant de gloire mais qui demeurera dans l'ombre à tout jamais derrière une idole qu'elle envie plus que tout, qui va lui créer à elle aussi des troubles de personnalités. Allez une de plus de touchée !


D'étranges choses se produisent pour notre personnage, comme des meurtres (il faut se battre pour réussir), des retours sur scène, des réveils, puis retour au tournage pour un autre réveil, on ne sait pas quel est le rêve ou la réalité.


En fait, le plus probable, est que notre Mima meurt symboliquement lors de la scène du viol, où elle abandonne son image de Pop-Idole innocente, et se transforme en femme qui combattra son double psychopathe représentant sa jeunesse. Mima n'est pas cette actrice insignifiante disposant d'une seule réplique se limitant à "Qui es-tu?", il faudra attendre la toute fin, où la star répond dans la voiture "Je suis la vraie Mima". Le rêve est réalisé, elle est la star qu'elle a voulu toujours être.


Un film génial à l'esthétisme troublant de réalisme, à la musique envoûtante de Masahiro Ikumi et surtout d'une grande richesse scénaristique qui ne dévoilera jamais tous ses secrets, où Satoshi Kon a dépassé les limites de barrières narratives, où il récidivera plus tard, avec Paprika.
On te regrettera vraiment monsieur. Satoshi était au final loin d'être Kon.

Créée

le 8 août 2014

Modifiée

le 15 sept. 2014

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Alex La Biche

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