Cas unique à ce jour de James Bond interdit aux moins de douze ans chez nous, Permis de tuer permet à Timothy Dalton d'endosser pour la seconde et dernière fois le costume de l'agent 007. Fort dommageable, tant le comédien aura apporté une classe, une crédibilité physique et une consistance certaine au rôle.
Prenant ses distances avec le genre auquel il est censé appartenir, Permis de tuer étonne par son virage, prenant le risque de déconcerter les fans en prenant des atours de pur polar hard boiled. Violent, voir même gore (oh la jolie tête qui explose !), le film d'un John Glen signant ici ses adieux à la série délaisse l'espionnage au profit d'un récit de vengeance.
Bien que souffrant de sérieuses longueurs et accusant quelques rides, Permis de tuer fait efficacement le boulot et s'avère un des meilleurs films de la saga, bénéficiant d'une mise en scène carrée, d'un cadre inattendu et de scènes d'action peu nombreuses mais rondement menées, à l'image d'un climax détonnant.
Si les James Bond Girls sont sexy mais guère convaincantes (Carey Lowell joue comme un pied et Talisa Soto écope d'un rôle totalement inutile), le reste du casting entourant un Timothy Dalton une fois de plus parfait est plus que séduisant. Robert Davi compose un excellent bad guy, Everett McGill vient faire un petit coucou et même Desmond Llewelyn a droit à une participation plus consistante. On s'amusera également à découvrir les premiers pas d'un Benicio Del Toro tout jeunot mais faisant déjà preuve d'une sacrée présence.
Aussi méchant que tragique, Permis de tuer, dernier épisode avant longtemps, est une délicieuse anomalie dans l'univers de James Bond, un opus certes imparfait mais original dans son genre et diablement efficace.