Ce film en noir et blanc s'ouvre et se ferme sur les mêmes images d'un garçon caressant un lointain visage de femme. Lointain par impossibilité d'aimer ? L'histoire commence par la présentation d'Elisabet, une grande actrice qui s'est soudain arrêtée de parler. Alma, l'infirmière qui lui est assignée, part avec elle sur une île afin de mieux la soigner. Mais l'isolement de ces deux femmes donne naissance à des événements étranges. Alma, joyeuse, ne cessait de parler à Elisabet et se prenait pour elle d'une affection croissante jusqu'à ce qu'elle lise une de ses lettres, qui lui fait beaucoup de peine. Elle change alors radicalement de comportement et accable Elisabet de toutes sortes de critiques. Ensuite, pleine de remords, elle la supplie de lui pardonner. Dès lors, les rôles s'inversent. Alma semble de plus en plus malade et on en vient à ne plus très bien savoir si, devenue folle, elle se prend pour Elisabet, ou si c'est cette dernière qui a créé Alma de toutes pièces, comme une projection d'elle-même. Les visages des deux femmes se fondent l'un dans l'autre, et l'intensité du jeu des deux actrices accroît encore cette sensation de malaise et d'incompréhension. Tout le film semble hanté par un désespoir mêlé de violence, dus à des questionnements existentiels tels que la possibilité de donner du sens à sa vie ou l'existence d'une réelle identité, qui ne risque pas d'éclater en morceaux à la moindre occasion. Un film perturbant mais apaisant, et magnifiquement réalisé.