C'est le premier film d'Ingmar Bergman que je vois, je ne savais pas à quoi m'attendre, et je dois avouer qu'il m'a beaucoup plu ! Le film n'est pas très long, 1h20, mais il m'a paru durer 20 minutes tellement c'était prenant.


Je n'avais jamais vu un noir et blanc pareil avec des plans vraiment subjuguant qui nous plongent au sein de l'oeuvre. On découvre vite une certaine folie au faire et à mesure du film, mais qui se traduit rapidement par un double jeu des deux personnages.


Au début, on assiste simplement à une actrice, qui a décidé de ne plus communiquer, et qui est donc poursuivie par une infirmière qui est censée l'aider ; faire en sorte qu'elle aille mieux. Mais très vite, on se rend compte que c'est l'infirmière en question, Alma, qui a plus besoin d'aide que nulle autre. C'est alors qu'elle se confie peu à peu au silence d'Elisabeth, l'actrice, jusqu'à avouer des choses intimes, qui paraissent comme traumatisantes pour Alma. En particulier son avortement, qui sera, plus tard, le lien conflictuel, mais aussi fusionnel entre les deux femmes.
Les relations se nouent naturellement entre Alma et Elisabeth, mais il s'établit un rapport de force bienveillant - sans paraître moins étonnant pour le spectateur - d'Elisabeth sur Alma. Ce n'est plus l'infirmière qui est là pour tenter de "guérir" l'actrice, mais c'est cette dernière qui, par sa simple présence, son écoute, délivre l'infirmière de ses maux.
Par la suite, le lendemain de ces aveux poignants, Alma partage un lien frappant avec Elisabeth. Les deux se sourissent, comme épanouies. Mais Alma finit par lire une lettre d'ELisabeth par curiosité, puis constate qu'elle est décrite comme un objet d'étude.
Il s'établit alors assez brusquement un changement des expressions entres les deux femmes par rapport au début. Ce n'est plus Alma la plus joviale et Elisabeth qui est troublée, mais totalement l'inverse. Des dissensions se créent entre les deux personnages, jusqu'à faire venir la violence, les pleurs, et le regret.
Par la suite, on constate que le film se poursuit vers un rapport de plus en plus ambiguë entre les deux femmes. Elles paraissent de plus en plus confondues, on le voit remarquablement lors de la scène où Alma raconte à Elisabeth l'accouchement de cette dernière. L'histoire est répétée deux fois de suite, mais filmé sous deux angles : le premier sur ELisabeth, le second sur Alma. Et cela jusqu'à ce que les deux visages finissent par se confondre, et laisser place à celui que l'on voyait au début du film, face au jeune garçon, celui d'Elisabeth.


On finit donc subjugué, par la relation entre les deux actrices comme étant en fin de compte un seul et unique individus, hanté par ses traumatismes, se fuyant puis se faisant violence. On se remémore après la fin toutes les preuves de ce "double je", avec la scène du mari d'Elisabeth avec Alma, l'enfant né, puis celui avorté, qui est en fait le même, Elisabeth prenant la place du docteur en étudiant Alma, et j'en passe...

Abosseur
8
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le 20 avr. 2020

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