Un écran blanc, un son de sonneries, un compte à rebours allant de 10 à 7, une femme, un squelette, la mort, le diable, une araignée, un mouton, un arbre ou encore un gamin posant sa main sur un écran où l’on voit le visage d’une femme… Et commence « Persona ». Sorti au milieu des années 1960, ce film de Bergman nous fait suivre une actrice de théâtre qui se retrouve brusquement muette et qui va être envoyé par sa clinique au bord de la mer en compagnie d’une jeune infirmière pour s’y reposer.
Le réalisateur suédois nous livre un face à face entre ces deux femmes dur et éprouvant, marqué par deux personnages forts, ambigus et mystérieux, notamment cette infirmière qui va d’abord se confier énormément, s’attacher à ce personnage muet et se sentir libéré avant d’entrer dans une crise existentielle avec cette star qui ne parle pas mais qui l’écoute et écrit. Bergman sonde l’âme humaine et instaure une atmosphère de plus en plus trouble, intense voire malsaine par moment, il laisse le spectateur interpréter les images et les dialogues. L’écriture est excellente et surtout les dialogues. Chaque phrase sonne juste sans que ce ne soit jamais lourd (notamment lors de la scène où le dialogue est lu deux fois mais le suédois capte les différentes émotions des deux personnages).
Bergman est toujours dans le vrai et capte au mieux les sentiments/émotions/expressions des personnages. Techniquement c’est superbe que ce soit au niveau de ses cadres, de ses plans, des jeux d’ombres et de lumières ou bien évidemment de la magnifique photo en noir et blanc.
Ce face à face est magistralement interprété par deux actrices, Liv Ullmann dans le rôle de la star et la superbe Bibi Andersson dans celui de l’infirmière, qui donnent vies à leurs personnages et permettent de nous immerger dans l’histoire.
Décidément, en sept films vus d’Ingmar Bergman, je n’ai jamais été déçu et celui-là se place parmi les meilleurs. Un drame intense, dur, captivant, marquant, superbement mis en scène et interprété.