Le puceau contre les eunuques
Réalisation assez typique d’un certain cinéma de divertissement très populaire dans une grande partie de l’Asie, "Petaling Street Warriors" n’est certes pas un chef-d’œuvre impérissable. Toutefois, ce qui serait banal et assez conventionnel pour un public asiatique peut tout à fait, comme ce fut le cas pour moi, titiller la curiosité d’un public occidental peu au fait du genre. Outre l’exotisme, ce film offre une autre particularité : il est joué dans plusieurs langues. Si la réalisation est malaise (malaisienne ?), l’action se situe en Chine et on y parle surtout le mandarin ainsi que plusieurs autres dialectes.
Au début du XXème siècle, Du Yao, sa femme Li Chun et leur perroquet bavard vivent dans un quartier commerçant et tiennent une échoppe à nouilles. Les affaires marchent bien mais ils se font régulièrement rançonner par plusieurs gangs qui tiennent la rue et terrorisent la population. Du Yao est confronté à un autre problème, plus personnel : bien que marié depuis deux ans il est toujours vierge, son épouse refusant de céder à ses avances et le forçant même à porter une ceinture de chasteté, sous prétexte que la santé fragile de son mari ne lui permettrait pas de s’adonner à ce genre de plaisirs – la suite de l’intrigue nous apprendra que la raison en est tout autre. Commence alors une aventure, rythmée par des combats de kung-fu et des blagues en tous genres, dans laquelle il sera question de la succession de l’empereur Jianwen, d’une société secrète d’eunuques, d’une courtisane vendue aux Japonais, d’un officier britannique pédant et manipulateur et de diverses autres péripéties.
Le tout prend plutôt la forme d’une comédie, enrobée dans un humour assez potache aimant à jouer sur la dérision (un gangster exhibant son permis de société secrète), le sexe (la Maison du Kamasutra que Du Yao fréquente malgré sa ceinture de chasteté) ou les anachronismes (des apparitions de Bruce Lee et de Michael Jackson ou encore une allusion à une version chinoise d’Ikea). On notera par ailleurs que les Anglais sont particulièrement brocardés et tournés en ridicule et on relèvera une scène étonnante faisant apparaître le grand révolutionnaire Sun Yat-sen qui, le temps d’une parenthèse beaucoup plus réaliste au milieu de cette comédie fantaisiste, prononcera quelques paroles qui laissent deviner la suite de l’histoire chinoise telle que nous la connaissons. Un film sans prétention à voir pour avoir une idée de ce qui peut bien faire rire une grande partie du public malais et chinois.