Le dragon peluche

Diantre, mais que tout cela est mauvais.

La mise en scène est soignée, on a droit à quelques très jolies plans grâce à une bonne gestion de la lumière naturelle (aussi quelques plans trop sombres et des scènes d'action pas très bien découpées). Les acteurs jouent plutôt bien : bon les gosses sont moyens mais les adultes jouent tous assez bien, c'est d'ailleurs Robert Redford qui parvient le plus à arracher des larmes. Les effets spéciaux ne sont pas vilains. En plus, le réalisateur a bien compris que la technique numérique ne permettait pas de créer l'émotion comme les bons vieux trucages, du coup il réfléchit un maximum aux plans regroupant Elliott le numérique et Peter : soit il fait des gros plans du gamins sur de la vraie fourrure, soit il les filme de loin l'un à côté (ou en face) de l'autre : et ça fonctionne bien, le dragon paraît ainsi nettement plus crédible... en revanche, il manque un cruel pan émotionnel car jamais on ne voit les deux personnages proches, jamais on ne voit une réaction directe de l'un à l'autre en gros plan.. cette relation est très très froide et c'est bien dommage.

Pour compenser à cela, les scénaristes nous ont pondu une histoire d'une mièvrerie navrante. On nous montre le gamin heureux en famille, puis malheureux en orphelin, puis heureux avec son dragon, puis malheureux sans sons dragon... le fait que le récit emprunte beaucoup au livre de la jungle n'est pas une mauvaise idée en soi, ce qui dérange, c'est qu'il ne se passe rien, qu'on sent le forçage émotionnel constamment. Mais si au moins les personnages avaient été creusés... car ils ne le sont point, ce sont des coquilles vides. D'ailleurs l'opposition entre les deux parents 'adoptifs' de Peter n'est jamais exploitée : l'homme vit en détruisant des forêts, la femme en la protégeant. Ce couple improbable aurait pu amener d'excellentes scènes de tension, mais visiblement, la tension, les conflits et tout ça, c'était pas dans les intentions des auteurs. C'en paraît un peu faux cul du coup, parce qu'on dirait que les auteurs étaient parti sur un débat écologique, on nous laisse deviner qu'abattre les arbres c'est pas cool, du moins au début... sauf qu'à la fin on nous montre que ces bûcherons sont des mecs bien... non pas pour vouloir nuancer étant donné que l'aspect social n'est jamais développé... mais juste pour éviter, semble-t-il, qu'une partie du public s'offusque du message écologique. Ce n'est que mon interprétation, bien s^pur, et j'extrapole sans doute beaucoup, n'empêche qu'il est difficile de voir un message écolo là-)dedans et que l'opposition entre les deux corps de métier est si peu exploitée qu'on se demande si c'était bien nécessaire de mettre en place un tel contexte. M'enfin, le message, c'est pas très important, ce qui me choque le plus, c'est qu'il faille attendre les 20 dernières minutes pour qu'enfin il se passe quelque chose... malheureusement, ces quelques conflits sont trop facilement résolus et les réactions des personnages ne sont pas toujours crédibles à cause d'un manque de communication. En fait, les personnages n'interagissent jamais vraiment entre eux, ils sont juste là pour délivrer leur message, l'intention du scénarist,e mais jamais aucun ne semble prendre vie. Même la manière de dépeindre la vie de couple sent l'artificiel à plein nez, il n'y a pas le côté niais exagéré dans le bon sens, non on se retrouve juste avec des structures qu'il aurait fallu étoffer de détails.

Bref, c'était chiant comme la mort.