Alors que leurs parents sont absents, les enfants Darling voient débarquer chez eux Peter Pan, le personnage central des histoires que raconte Wendy, la fille aînée de la famille, avant de se coucher. Mais ce soir-là, c’est un Peter Pan bien réel qui leur propose de les emmener au mythique Pays Imaginaire. Les enfants acceptent immédiatement, sans se douter des aventures qu’ils vont y vivre…
Nouvelle adaptation d’une œuvre littéraire anglaise du XXe siècle, après le très réussi Alice au pays des merveilles, Peter Pan connut un succès bien plus fort auprès du public. Il faut dire que les studios Disney mettent toutes les chances de leur côté, en adaptant ce classique de la littérature enfantine, qu’on croirait destiné à être adapté par eux, à l’inverse du monde délirant d’un Alice au pays des merveilles.
Le studio met donc les grands moyens sur cette production, faisant appel à leurs meilleurs animateurs (le film marque d’ailleurs la dernière collaboration au complet des « Neuf Sages » de Disney) pour donner vie à la pièce de théâtre de James Barrie. De cette dernière, le film retient peu de dialogues, préférant se concentrer sur les personnages, et à ce niveau, c’est une réussite totale. Fort de leur dernier fleuron, Clyde Geronimi, Wilfred Jackson et Hamilton Luske, à nouveau maîtres d’œuvre du projet, mettent en scène une galerie de personnages incroyablement dense, mais cette fois-ci, les interactions entre les différentes parties sont plus prononcées (alors que, dans Alice au pays des merveilles, certains apparaissaient et disparaissaient sans que leur présence ait servi l’intrigue). Ainsi, des enfants Darling aux pirates, en passant par les enfants perdus ou la très expressive Nana, tous les personnages sont incroyablement soignés et animés, chacun ayant une personnalité qui lui est propre. De là découle en grande partie l’incroyable vitalité de l’ensemble, rehaussé par des couleurs et des décors supervisés par la fidèle Mary Blair, qui donne au film son caractère aussi soigné qu’exubérant.
Graphiquement parfait, donc, Peter Pan s’avère en outre tout aussi rigoureux au niveau du scénario, ce dernier ne sacrifiant jamais son fil narratif et son rythme soutenu à des gags souvent hilarants (mention spéciale au génial duo M. Mouche-Capitaine Crochet). Enfin, cerise sur le gâteau, l’excellente aventure que nous offrent les studios Disney n’exclut pas quelques moments de pure émotion, tels que ces deux brillantes scènes où Wendy explique aux enfants perdus ce qu’est une maman, et où M. Darling se remémore son enfance en apercevant le bateau de Peter Pan. De fait, derrière un récit plein d’humour et d’aventures, les studios aux grandes oreilles n’oublient pas de faire passer un vrai message, profond et sans naïveté, nous montrant que s’il est important de garder son esprit d’enfance, il ne faut pas pour autant refuser de grandir, avec les sacrifices que cela implique. Une belle leçon portée par un film d’animation irréprochable à situer au sommet des productions Disney !