Les films de David Lowery déçoivent souvent par la suffisance avec laquelle ils imposent des images vides, qu’un mystère peine à venir animer ; aussi réussissait-il A Ghost Story (2017) parce qu’il s’agissait d’une histoire de fantômes, prise en charge par une mise en scène spectrale et froide. Peter Pan & Wendy répète l’allégeance au royaume Disney après une adaptation de Pete’s Dragon en 2016, mais paraît encore moins incarné que son prédécesseur : le dessin animé original est transposé sans élégance ni style, ne témoigne d’aucune vision personnelle du récit, ne justifie jamais son entreprise, plus économique que réflexive et esthétique. Les comédiens n’y croient pas, enfants comme adultes, et les effets numériques abondants ne procurent aucune magie.
Notons enfin que la démarche inclusive dans laquelle se lancent les grands studios américains, et donc ici le présent long métrage, extrait davantage encore le spectateur de l’univers représenté, la faute à une lourdeur d’exécution qui condamne les scènes à dérouler les couleurs de peau et les handicaps comme une publicité pour vêtements. L’art ne vise-t-il pas l’universalité de l’identification ? Faut-il que je devienne une femme et que je sois lesbienne pour m’émouvoir aux larmes devant Deux, chef-d’œuvre de Filippo Meneghetti sorti en 2017 ? En cochant ainsi les cases du politiquement correct, pire en mettant au premier plan le cochage de ces cases alors qu’elles n’ouvrent pas sur la défense d’une thèse quelconque, le divertissement grand public mute en vitrine démagogique où toutes les causes tapinent pêle-mêle et se confondent – dégradant pour elles, n’est-ce pas ? –, où rien n’advient, ni émotions ni réflexion.