Inutile, je pense, de revenir ici, sur mon amour pour Joann Sfar, que je considère personnellement comme l'un des auteurs majeurs de la BD contemporaine : créateur stakhanoviste, artiste engagé (dans le bon sens du terme), et qui plus est humoriste fin (en décalage permanent avec ce qui fait rire la plupart des gens ) notre époque, il représente à mes yeux une exemple "d'honnête homme" au sens classique du terme. Ce n'est pas pour autant que son travail au cinéma mérite beaucoup de louanges, malheureusement : une fois passée la surprise de l'originalité de son "Gainsbourg', il vaut mieux éviter de s'aventurer dans une salle de cinéma lorsqu'on voit son nom à l'affiche.
"Petit Vampire" est une BD charmante pour les enfants qui a donné, semble-t-il, lieu à une série télévisée que je ne connais pas, et à ce film qui souffre de nombreux défauts assez rédhibitoires. Déjà, les 5 premières minutes, certes farfelues et donc typiques de l'imaginaire "sfarien", donnent envie de quitter immédiatement la salle : entre la grande laideur de certains personnages, la stupidité des situations (que certains qualifieront de poétiques, j'imagine...), et le doublage épouvantable des "adultes", pourtant confié à des acteurs respectables (Lutz, Rouve et Cottin), on frôle l'insoutenable.
Heureusement, la situation se rétablit à peu près avec le démarrage de l'histoire proprement dite, (après avoir supporté quand même un générique littéralement infect...) : les personnages enfantins et monstrueux sont à la fois crédibles - oui ! - et touchants, et les situations burlesques la plupart du temps fort amusantes, avec même quelques gags suffisamment exotiques et décalés pour que quelque chose de la magie des BDs de Sfar réapparaisse occasionnellement.
Reste que dans la salle, presque pleine, autour de ma fille (9 ans, grande fan de Sfar) et moi, la majorité des mioches ne riait pas du tout et piaillait au contraire pour rentrer chez eux le plus vite possible, ce qui ne présage rien de bon pour le succès commercial du film.
Comme "Petit Vampire" retombe dans ses dernières scènes dans le grand n'importe quoi, mal joué (mon dieu, ces doublages : désolé de le répéter, mais c'est inadmissible de manque de professionnalisme / talent...), mal raconté, mal animé, et plus laid qu'autre chose, on sortira de la salle en ayant même oublié les quelques moments réussis de fantaisie au milieu du film.
Un seul conseil possible devant un tel échec : lisez les livres - merveilleux - de Joann Sfar, et ignorez superbement ses films.
[Critique écrite en 2020]