Sasha traite de la transidentité des enfants. Il en faut des documentaires sur ce sujet, il est encore trop peu connu, trop peu abordé et touche à ce qui est encore, hélas, un préjugé fort de notre société : on naît fille ou garçon, tout ce qui déroge à cette règle n'est pas acceptable. Par conséquent, tous les jours, des enfants souffrent de se voir niée leur identité, dénié le droit d'être eux-mêmes. Pour tout cela, c'est bien qu'un tel documentaire existe.
Pour autant, la façon de traiter du sujet m'a dérangée. L'angle est très voyeuriste, je me suis souvent sentie gênée des plans rapprochés sur Sasha, y compris quand elle s'habille et se déshabille. Ce n'est pas parce que le sujet porte sur la dissonance entre corps de naissance et corps vécu qu'il faut filmer celui-ci au plus prés, y compris quasiment nu. C'est le sien, respectons-le dans une intimité que Sasha n'a pas forcément encore l'âge de réclamer.
L'enfant choisie est hyper genrée, très petite fille dans tous les clichés que cela véhicule encore dans la société (danse classique, couleur rose partout, déguisement de fée...). Est-ce à dire que si elle n'avait pas été ainsi, elle n'aurait pu être une "vraie" fille et souffrir d'être née dans le mauvais corps ? Ne peut-on être transgenre mtf et aimer le bleu, les jeux de guerre et la boxe (au hasard, pour rester dans les clichés trucs de fille et trucs de garçon) ?
Bref, si vous avez une âme sensible, ce film vous arrachera de nombreuses larmes mais je doute qu'il fasse vraiment réfléchir ceux qui croient encore que ces enfants ont un problème de santé mentale et devraient être "soignés".