Little Forest (2018) - 리틀 포레스트 / 103 min.
Réalisatrice : Yim Soonrye - 임순례
Acteurs principaux : Kim Tae-Ri-김태리 ; Moon So-Ri-문소리 ; Ryoo Joon-Yeol-류준열 ;
Mots-clefs : Corée – Nourriture – Retour à la terre.
Le pitch :
Hye-Won (Kim Tae-Ri) est fatiguée des difficultés de la vie citadine et revient s’installer dans son village natal à la campagne. Là, elle soigne ses blessures émotionnelles avec l’aide de ses amis d’enfance, de son chien, de la nature et de la nourriture.
Premières impressions :
Décidement Kim Tae-Ri m’étonne ! Deux ans après Mademoiselle, l’incroyable succès de Park Chan-Wook qui l’avait révélée, l’actrice de 28 ans revient dans film très intimiste à mille lieues de la voie commerciale que l’on imaginait pour elle. La nouvelle égérie de Kenzo a beau être extrêmement demandée, elle semble continuer à louvoyer entre film à gros budget (1987 de Jang Joon-Hwan) et films d’auteurs (Moon-Young de Kim So-Yeon). Son premier film de 2018 est donc Little Forest de la réalisatrice humaniste et engagée Yim Soonrye (The Whistleblower ; Forever the Moment ; If you were me…), un film au récit extrêmement simple qui joue sur le désir de retour à la terre d’une jeune génération lassée par la compétition de la vie urbaine.
Véritable Feel Good movie, Little Forest propose de faire une pause dans la course effrénée de la vie citadine. Une ode au retour à la simplicité donc, qui aura attiré plus d’un million cinq cent milles spectateurs coréens dans un pays où 82% de la population est urbaine. Taux de chômage élevé (aux alentours de 10% chez les jeunes en 2018), pression des études, soumission à la hiérarchie malgré de forts diplômes ou travailleurs pauvres, nombreux sont les jeunes tentés de sortir de la compétition économique même si peu franchissent le pas. Le succès aujourd’hui de Little Forest, à l’origine un manga japonais publié de 2002 à 2005 de Daisuke Igarashi, est donc certainement tout autant un témoin du mal-être de la jeunesse qu’un appel au repos de l’âme après les nombreux scandales qui ont émoussés la société coréenne ces dernières années (Naufrage du Sewol, nombreux scandales financiers au sein des chaebols, destitution de la présidente Park Chan-Wook, #MeToo…).
Sans réelle action, Little Forest nous fait suivre le quotidien de Hyewon dans son village natal, loin de ses soucis de cœur, de travail et d’estime. Là, elle reproduira les gestes d’antan, cultivant son jardin, cuisinant les plats traditionnels, préparant son propre makgeolli (alcool de riz), le tout en compagnie de ses copains d’enfance qui eux, n’ont jamais quitté le village. Tout en poésie, le film donne envie de se joindre au petit groupe et de tomber amoureux de Hyewon et de sa vie simple même si on peut se sentir parfois un peu frustré du manque de rebondissement d’un scénario un peu lisse qui coule comme un fleuve paisible. Pourtant, je ne peux pas dire que je me sois ennuyé le moins du monde même s’il n’aurait pas fallu que le film dure plus longtemps.
Côté jeu, Little Forest affiche un casting de luxe entre la splendide Kim Tae-ri et la magnifique Moon So-ri (Oasis, Une femme coréenne, Hill of Freedom), toujours parfaitement juste dans leur rôles de mère et filles agissant en miroir l’une de l’autre. De son côté, Ryoo Joon-Yeol (A taxi driver, Socialphobia) est lui aussi parfaitement crédible en tant que jeune agriculteur au grand cœur.
Pour conclure, la réalisatrice **Yim Soonrye offre à son public un film tout en douceur propice au repos de l’âme. Pas le genre de film à regarder un soir de défoulement, mais plutôt bien au chaud, sous une couverture d’hiver, un thé à la main. Pour l’instant indisponible en France, espérons que la notoriété de ses actrices lui permette de franchir nos frontières.**