Petite sœur comporte un certain nombre de scènes difficiles à supporter, qui montrent sans fard les atteintes d'une grave maladie. Pourtant, il ne faut pas croire que le film de Stéphanie Chuat et Véronique Reymond ne joue que sur le registre dramatique car malgré les circonstances, c'est tout l'inverse. D'ailleurs, comme le titre l'indique, ce n'est pas le frère malade (formidable Lars Eidinger) qui est le centre du long-métrage mais bien sa jumelle avec laquelle il entretient une relation fusionnelle. Petite sœur interroge avec pertinence tous les cercles familiaux, d'origine avec la mère (Marthe Keller, magnifique), celle que l'on s'est construit en s'oubliant un peu, celle du théâtre aussi, puisque l'héroïne du film est auteure de pièces et son frère acteur. Toute cet environnement agit comme une matière vivante et donne plusieurs couleurs, parfois celle de la tragédie, bien sûr, mais aussi et surtout celle de la solidarité et du courage sans oublier la poésie qui s'invite comme pour donner une bouffée d'espoir. Avec les scènes d'extérieur, dans les montagnes suisses, le film devient même solaire et presque euphorique. Parler de délicatesse, de subtilité et d'harmonie semble la moindre des choses pour qualifier cette Petite sœur amenée à représenter la Suisse aux Oscars. Un film qui permet à la splendide Nina Hoss d'ajouter un nouvelle prestation exceptionnelle à une carrière qui en compte déjà plusieurs. Avec un tel sujet, Petite sœur devrait être entaché de milliers de larmes. On en ressort plutôt apaisé et serein.