Sorti de nul part, Shallow Grave aura fait forte impression à sa sortie en salles, récoltant de jolies louanges de la part de la presse, une flopée de récompenses et remportant un succès inespéré au box-office. De quoi mettre son réalisateur Danny Boyle sur orbite, ainsi que ses comédiens (Ewan McGregor en premier lieu), et remettre l'humour noir sur le devant de la scène.
Pompé dans les grandes largeurs au cours des années qui suivront, Shallow Grave accuse inévitablement les ravages du temps, paraissant aujourd'hui un brin daté. Mais s'il y a bien une chose qui subsiste, c'est l'énergie juvénile qui s'en dégage, cette envie de réveiller un cinéma britannique endormie depuis trop longtemps, et de placer une Ecosse contemporaine au premier plan, loin des clichés habituels.
Bien qu'encore hésitant, Danny Boyle laisse entrevoir un style, un peps, gérant parfaitement les limites de son budget et évitant soigneusement les pièges du huis-clos, rythmant son long-métrage comme il faut. Une illustration efficace (à défaut d'être transcendante) d'un script vachard, tableau cynique d'une amitié ne pouvant résister bien longtemps face à l'appât du gain.
Sans juger, Danny Boyle observe avec délectation son trio se fissurer, les personnages imaginés par John Hodge passant doucement mais sûrement du stade de branleurs pince-sans-rire mais soudés à celui de loups affamés prêts à s'entredévorer On ne pourra qu'applaudir la distribution, impeccable, mention toute particulière à la grande gueule de McGregor et à l'évolution flippante de Christopher Eccleston.
Fable grinçante sur la cupidité, Shallow Grave a certes pris quelques rides mais conserve heureusement tout son pouvoir d'attraction, grâce à un script malin, à une mise en scène pêchue et à un casting s'en donnant à coeur joie.