Pour son premier film, Danny Boyle n'y va pas avec le dos de la cuillère et impose son style d'entrée de jeu : un scénario machiavélique, des jeunes acteurs prometteurs, un ton sombre et un humour noir, la recette idéale pour un thriller next generation culte. Trois colocataires fêtards cherchent un quatrième luron pour arrondir leurs fins de mois et, après moult recherches, en dégottent un parfait... qui meurt dans sa chambre le lendemain, laissant à ses côtés un magot impressionnant. Les trois amis vont garder le butin, découper et enterrer le corps s'en vraiment se douter de la suite...
S'en suit une paranoïa communicative, des tueurs aux trousses et une amitié ébranlée à cause d'une chose chère aux yeux de Boyle, un thème récurrent dans tous ses films : l'argent... À partir de là, le réalisateur britannique va nous épater avec une atmosphère un brin sombre mais toujours couverte par des éclats de rire, des dialogues incisifs et le dynamisme de ses acteurs. La deuxième partie du film, nettement plus noire, va rentrer dans le thriller de manière remarquable avec une série de rebondissements fracassants où l'ennemi n'est pas forcément celui qu'on croit.
Boyle se lâche, fait jaillir l'hémoglobine et les scènes-choc (du moins les prémices) tout en maintenant le suspense d'une intrigue plus intelligente qu'il n'y parait. Face caméra, le trio d'acteurs anglais fait des ravages avec une conviction impressionnante : le jeune Ewan McGregor (futur fidèle du réalisateur) explose de toutes parts, la jolie Kerry Fox (qui ne connaîtra pas la même gloire) incarne la fausse sagesse féminine et le brillant Christopher Eccleston (qui retrouvera lui aussi le réalisateur le temps d'un film) interprète le personnage le plus ambigu du film, le plus important et le plus travaillé pour une performance d'acteur bluffante.
On se laisse donc emporter par cette histoire finalement typiquement anglaise où la confiance s'évapore peu à peu pour laisser place à la paranoïa, les coups fourrés et le mensonge. Une perle du film noir et un premier pas réussi pour Danny Boyle.