Un film de Danny Boyle que je n'avais pas encore vu. Je les ai quasiment tous vus et le paradoxe c'est que je n'aime pas vraiment son cinéma. Pourtant les bons échos sur ce film m'ont mené à le regarder. Et pour une rare fois je n'ai pas été déçu du cinéma de Boyle.
L'autre film que j'affectionne de Danny Boyle c'est Trainspotting, pas parce que je suis un drogué ou un quelconque ado post-pubère qui fait son chien, mais tout simplement parce que au-delà de son scénario qui n'a que pour seul objectif que le subversif, il y a en réalité un casting époustouflant avec des acteurs top niveau et des prouesses visuelles, ainsi qu'une musique bien en accord et moderne.
Pour le reste de ces films, hormis les 28 qui est assez révolutionnaire en terme de film de zombies, ce sont des films de la culture underground mainstream. Je m'explique, ce sont des films à bobos demi-philosophe, à qui il faut tout remâcher, et qui se contentent d'avoir des images clipesques. Car oui sur la plupart de ses films, Boyle est un petit bobo. Je pense qu'il se fait kiffer, et j'en suis très heureux pour lui, mais honnêtement faut être réaliste. Sunshine est une vaste arnaque qui n'a rien de philosophique, hormis peut être les quelques bouquins de philos qu'il a broyé pour torcher un culte du soleil. C'est de mauvais gout, car le film et le scénario rabaissent une potentielle intelligence. Mais c'est limité, sans parler de Slumdog Millionnaire, c'est exactement pareil.
Dans Petits meurtres entre amis, un film qui arrive avant, ce n'est pas pareil. On a un film plus ancien, de ce fait le film est moins dans son style. Cependant, sans jouer vieux jeu, il est bon parce qu'il n'a pas encore son style. Trainspotting est l'apogée de son style. Le reste de ses films est donc bien en dessous de ces deux-là, sauf 28. Ici la réalisation est plutôt classique, mais ne se donne pas un cadre complètement défini. En somme il réalise avec des plans assez larges, des longueurs quelque fois et caméras fixes. En gros exit les scènes de courses poursuites, les gros travelling et caméras virevoltantes. Et on peut constater que le style Boyle en matière de thriller suspense est sa meilleure version.
Car c'est un touche à tout et c'est là que pour le besoin de l'intrigue il doit contenir ses ardeurs virevoltantes, de ce fait on se retrouve avec un film lent par moment, exprimant la crainte, l'attente. Un peu plus rapide dans les moments de bonheur. Dramatiquement vide et silencieux dans la mort. Et à la fois rapide et lent dans l'ivresse furieuse de la folie et de la fin chaotique, après tant d'ordre et de cadrage. En somme, classique dans le forme, le génie de Boyle vient bousculer et susciter les sentiments qui ne transparaissent pas dans la froideur d'un cadrage monotone et inamovible.
En fait l'intact du réalisateur se situe dans l'inventivité et l'explosivité des moments forts. Car la vie de ces individus est banale et heureuse, sans soucis, jusqu'à l'élément perturbateur. Développement classique qui se voit bouleversé et par la réalisation et par le scénario suffisamment inventif pour perturber les codes et engendrer des situations troublantes.
Pour la réussite, les acteurs sont tous très bons, là encore on peut tout de même voir les qualités de Boyle du point de vu de la direction d'acteur, il parvient à tirer profit des qualités mais aussi du jeu décomplexé et de la bonne entente apparente des acteurs. Renforçant en définitive la crédibilité de ces amis, mais aussi le retournement total des liens affectifs.
Le film bénéficie donc d'une très bonne réalisation, à la fois classique et inventive, d'un scénario intelligent et d'un très bon casting. Problème, le film ne possède pas d'envergure dans le fait que le scénario est classique et simple, en réalité pas vraiment de surprise dans le développement et histoire classique (je ne voudrais pas spoiler vous comprendrez en le voyant), mais aussi limite imposée par le style thriller, et aussi par le cinéma de Boyle, qui malgré son inventivité garde une barrière dans sa conception, en fait "je suis inventif" mais c'est tout, il se repose sur ses lauriers.
Le film démarre bien, a un gros creux vers le milieu avec une baisse de rythme assez frustrante, et une apothéose finale perturbante après le rythme brisé. Le film souffre en fait d'un rythme pas assez équilibré ou alors d'une mauvaise maitrise des temps. Ce qui perturbe et donne une sensation finale indigeste assez embêtante.
En conclusion le film est bon, plus que la moyenne. Bénéficiant d'aspect positif dans la construction. Cependant le rythme affaibli l'ensemble, le faisant passer à une sorte de divertissement, amenant un semblant d'intelligence, mais ne dissimulant pas un sentiment de pédanterie.