Une bouffée d'air frais qui est la bienvenue

Après avoir loupé plusieurs films d'animations français cette année, en particulier Avril et le Monde Truqué, j'ai finalement trouvé le temps et la motivation pour aller voir Phantom Boy grâce à sa rediffusion en salle dans le cadre du festival Télérama (sans toutefois bénéficier du tarif réduit, parce que oui, ça marche moins bien quand on oublie d'amener le justif..). Et autant le dire tout de suite, je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, entre la bonne critique du dît journal - mais qui n'est pas spécialement ma référence - et la note moyenne sur SC pas franchement folichonne.


Donc Phantom Boy est un film réalisé par un studio français, ce qui est déjà un bon point, car malgré le peu de publicité (sic) faites autour de ces films chez nous il y a de très bonnes écoles et donc de très bons artistes et animateurs. Et en effet, de ce coté là peu de reproches à faire : c'est beau et c'est bien animé, tout va bien. Alors attention néanmoins, car l'esthétique choisie n'est pas de celles dont on nous sert la plupart du temps, non, c'est plutôt bien de chez nous, très "typé BD Franco-Belge" si je puis dire. Personnellement d'ailleurs je n'aime pas trop ce style, mais la charte graphique fonctionne et dès lors que le reste tien la route il n'y a aucun problème.


Pour ce qui est de l'histoire, elle est assez simple, clairement à destination d'un public jeune mais sans toutefois viser trop large. En effet, nous suivons un petit garçon malade qui rêve de devenir policier et qui en rencontre justement un vrai dans son hôpital, avec qui il tentera de faire tomber le méchant qui veut devenir roi de la ville. On trouve ainsi pas mal de références au genre policier, l'intrigue se déroulant même dans un New-York a priori contemporain mais très typé polars des années 30' à 60' (les immeubles gris, les châteaux d'eau sur les toits, etc.). Je pense du coup qu'en dessous de 7-8 ans les enfants risquent de ne pas tout saisir voire de s'ennuyer.


Mais comme tous les bons dessins animés pour la jeunesse sont aussi de bon dessin animé pour adulte, qu'en est-il de celui-ci ? Y trouve-t-on suffisamment de références plus ou moins évidentes, voire une deuxième lecture ? Et bien sans aller jusque là, oui, il est évident que Phantom Boy est une réussite sur plusieurs aspects.


D'abord, comme je l'ai dit précédemment, sur le plan graphique. Je ne sais pas pour vous, mais bon sang ce que j'en ai marre de voir tous ces films d'animations à l'esthétique quasi uniforme (un exemple tiens : le Petit Prince, sorti cette année (que je n'ai pas vu), auriez-vous cru qu'il s'agissait d'un studio français et non pas le dernier de chez Dreamworks ou Disney ?). Soit on a du cartoon chez les ricains, soit du manga chez les japs (que j’apprécie beaucoup) mais peu de tentatives originales. Et bien que l'on aime ou non, ce que j'ai vu chez Phantom Boy était une vraie bouffée d'air frais, un plaisir que je retrouve trop peu souvent. Finalement, peu importe le style choisit, quand il y a une cohérence graphique et une animation qui tient la route derrière, je suis certain que tout peut fonctionner.


Ensuite, niveau scénar, on est sur quelque chose de tout à fait propre. L'intrigue est assez simple
mais pas trop simpliste, bien rythmée, sans séquences obligatoires d'émotions bien dégoulinantes (pas une, je vous jure !) et même assez drôle. Les personnages ne sont pas très complexes, mais ont tous leurs juste place et ne sont pas grossiers - tout en restant archétypaux, on reste dans une histoire policière. Pour ma part, j'y ai également trouvé un certain nombre de références plutôt bien faites dans l'ensemble et si le personnage du flic est un peu raté, celui du méchant est particulièrement réussi, ce qui équilibre le tout.
Petit commentaire à part, pour ceux qui ont vu le film :


j'ai vraiment trouvé le personnage du flic - qui est d'habitude attachant car c'est le héros - franchement antipathique. C'est une bonne chose finalement, car la place centrale est ainsi laissée à Léo (c'est lui l'enquêteur, l'acteur et le héros de l'histoire) en laissant Alex dans un rôle passif, même si ce n'est pas assez abouti à mes yeux car il garde tout de même sa place de héros traditionnel, ce qui est assez étrange.


Enfin, dernier aspect important dans ce type de cinéma, le son. Côté musique, c'est aussi une réussite, surtout le thème principal rythmé et très intriguant, qui met presque mal à l'aise au début. Le reste de la bande son est tout à fait correct mais reste assez banal. Pour ce qui est des bruitages, là aussi rien à redire, c'est classique mais sans défauts (je reconnais que c'est tout de même de ce coté-là qu'on est le moins déçus, en général). Mais il y a le doublage. S'il est tout à fait honnête dans l'ensemble, c'est là peut être le point le plus négatif du film. Comme d'habitude, les "vedettes" sont mises en avant (Audrey Tautou, Edouard Baer et Jean-Pierre Maurielle), mais deux sur trois ne font pas le boulot. Edouard Baer est le plus mauvais, avec un jeu mou et peu crédible, à croire qu'il joue exprès comme ça parce qu'on lui a dit que c'était un film pour enfant, donc osef. C'est d'ailleurs surement pour ça que c'est son personnage que j'ai le moins aimé. Audrey Tautou quant à elle est un peu au-dessus mais pas au niveau que l'on attend, et seul Maurielle fait le boulot avec une excellente interprétation du méchant. Pour le reste du casting, Léo, le garçon malade, est correct et les personnages secondaires parfois bons, parfois médiocres (genre ses parents). C'est dommage, car on perd évidemment en immersion et il est possible à mon avis que ce soit la conséquence d'une mauvaise perception du film pour enfants de la part des acteurs. Non, on n'est pas obligé de sous jouer quand on s'adresse à un public essentiellement jeune.


Phantom Boy est donc un film que je conseille aux petits (mais pas trop petit quand même) et aux grands, fort de sa réalisation et de sa réussite esthétique. Sont histoire est simple mais bien construite et malgré un point faible dans les doublages le tout forme un très bon film. Et un film fraâançais, s'il vous plait.

Zarlox
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films d'animation français

Créée

le 20 janv. 2016

Critique lue 744 fois

9 j'aime

Zarlox

Écrit par

Critique lue 744 fois

9

D'autres avis sur Phantom Boy

Phantom Boy
B_Jérémy
9

L'esprit plus fort que le corps.

C'est New-York ici, on va pas se laisser impressionner par un dingue de plus. Phantom Boy est le deuxième long métrage réalisé par Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli qui fait antérieur du...

le 24 nov. 2018

15 j'aime

5

Phantom Boy
SBoisse
8

L'enfant courage

Les complications d’un cancer exigent l’hospitalisation de Léo, un gamin new-yorkais. Ses parents tentent de rassurer sa petite sœur. Comment canaliser l’émotion, légitime, sans sombrer dans le...

le 21 déc. 2016

13 j'aime

3

Phantom Boy
Zarlox
7

Une bouffée d'air frais qui est la bienvenue

Après avoir loupé plusieurs films d'animations français cette année, en particulier Avril et le Monde Truqué, j'ai finalement trouvé le temps et la motivation pour aller voir Phantom Boy grâce à sa...

le 20 janv. 2016

9 j'aime

Du même critique

Ici
Zarlox
6

Les limites d'un concept

J'avais lu la nouvelle à l'origine de cette BD qui date des années 90 (ou fin 80 peut être) dans l'excellentissime magasine Kaboom et j'avais beaucoup apprécié. Le concept est d'une simplicité...

le 5 mars 2016

19 j'aime

1

Les blancs ne savent pas sauter
Zarlox
8

90's Style.

White Men Can't Jump est l'exemple type du bon petit film sans prétentions. A priori à destination d'un public plutôt ciblé, puisque c'est avant tout un film sur le basket, il satisfera en réalité...

le 23 nov. 2013

16 j'aime

Le Livre anglo-saxon - Northlanders, tome 1
Zarlox
7

Critique de Le Livre anglo-saxon - Northlanders, tome 1 par Zarlox

Northlanders est une série de comics américains tous signés par Brian Wood pour le scénario et par une multitude d'artistes pour le dessin. L'intérêt de cette édition réside dans l'organisation des...

le 10 mai 2014

12 j'aime