Les complications d’un cancer exigent l’hospitalisation de Léo, un gamin new-yorkais. Ses parents tentent de rassurer sa petite sœur. Comment canaliser l’émotion, légitime, sans sombrer dans le pathos ? L’excellent scénario d’Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli évite les chausse-trappes et nous livre une histoire extraordinaire alliant fantastique, policier et esprit d’enfance.
Léo possède la faculté de s'évader de son corps pour un temps limité, au risque de se perdre définitivement. Chaque nuit, il réconforte les esprits errants des malades endormis. Curieusement, seul l’officier de police Alex Tanguy, cloué sur un fauteuil roulant, se souvient de son intervention.
Admirablement joué (doublé) par Jean Pierre Marielle, un méchant, mégalomane et malchanceux, prend la ville en otage. Tanguy a découvert son repaire, mais son chef refuse de l’écouter.
• Tanguy sait mais est immobilisé, il sera le cerveau.
• Le fantôme de Léo bouge, mais sans pouvoir intervenir, il sera les yeux et les oreilles.
• Mary, l’intrépide et gracile jeune journaliste, sera les jambes et la bouche.
Un téléphone portable, au destin facétieux, permettra à la fine équipe de communiquer. La fragilité des deux plus jeunes est assumée, mais transcendée par leur courage. L’ingénuité du conte ne le réserve pas aux plus jeunes, les nombreux clins d’oeil aux super-héros américains (Batman ou Docteur Strange) et à Tintin (l’attentat aux boîtes de conserve) raviront les plus grands.
L’animation a le mérite de l’originalité et de la cohérence. Oubliez perspective et proportions académiques, le graphique est typé BD franco-belge (très) contemporaine. Les personnages surprendront, mais les mouvements de l’enfant spectre sont fort gracieux, la ville est belle dans la nuit et la férocité du chien jubilatoire (il était déjà présent dans le plaisant Une vie de chat). L’échec commercial est injuste, foncez.