L'exigence interprétée par l'exigence et filmée par l'exigence !!!

Avec Paul Thomas Anderson, je suis à cent pour cent sûr de réagir soit d'une manière genre "c'est quoi ce machin, ça ne mène absolument à rien... et puis qu'est-ce qu'on se fait chier", soit d'une manière "on ne sait pendant un bon moment où ça nous mène, mais ce n'est pas grave parce que j'adore ce que je vois, (et à la fin !) mais j'adore où ça m'a mené, c'est ça le Paul Thomas Anderson que j'adore, pourquoi ce n'est pas ça à chaque fois" ; donc deux manières totalement opposées l'une de l'autre... alors Phantom Thread est forcément dans un de ces deux cas-là... Et, je le placerais sans hésiter dans la deuxième catégorie...


Certes, il ne m'a pas ébloui autant que Boogie Nights, qui pour moi dans l'oeuvre du cinéaste reste indépassable (et que je considère accessoirement comme étant un des deux-trois meilleurs films des années 90... ouais carrément !), mais j'ai franchement beaucoup aimé.


D'abord techniquement, le choix des cadrages, cette belle photographie en couleurs, ton légèrement sépia, teinte hivernale, d'une telle précision qu'elle révèle le moindre grain de beauté, la moindre zone pileuse, la moindre peau morte, la moindre bulle dans une omelette aux champignons en train de cuire, c'est un régal à regarder et en plus très révélateur du style obsessionnel du réalisateur pour le détail tout en ne perdant une certaine élégance visuelle.


L'histoire ensuite, ben c'est l'histoire d'une jeune fille de condition disons prolétaire qui rencontre un homme riche et célèbre. Ils tombent amoureux... Là, on se dit que l'histoire n'a absolument rien d'original, que ça a été traité un milliard de fois auparavant au cinéma... Oui, certes, mais jamais par Paul Thomas Anderson, et là est toute l'originalité sur un canevas utilisé plus d'un milliard de fois. Alors certes, il y aura la beauté des sentiments, mais, truchement paulthomasandersonnien oblige, par une bonne dose de sado-masochisme. Et ce sado-masochisme, cette cruauté dans l'histoire, ne va faire que rendre le reste encore plus émouvant. Et puis, voir ce canevas entre les mains d'un tel réalisateur, c'est excitant.


Et quitte à parler d'obsessionnel perfectionniste, pourquoi ne parler que de celui qui est derrière la caméra, alors qu'il y en a un devant. Et malheureusement, pour la dernière fois (mais bon comment lui en vouloir, il la mérite totalement sa retraite paisible, surtout que ça doit être épuisant de faire les choses à mille pour cent !), Daniel Day-Lewis est parfait en grand couturier psychorigide vieux garçon qui va peu à peu se laisser gagner par la vie à son plus grand désarroi. Une magistrale et belle manière de tirer sa révérence.


Phantom Thread, c'est pour moi un bel exemple ambitieux d'un esprit ambitieux, avec l'aide d'un autre esprit tout aussi ambitieux, qui réussit à aller, d'une manière enthousiasmante pour celui qui assiste au spectacle, jusqu'au bout de ses ambitions. Du très bon et du très beau cinéma.

Plume231
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le 12 mars 2018

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Plume231

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