Oubliez les zombies de 28 Jours Plus Tard ou de Je Suis Une Légende, oubliez les rues désertes du Livre d’Eli ou de La Route. Phase 7, étonnant film argentin s’attaque au film survivaliste sous un angle tout à fait original et fait le pari de suggérer un maximum en montrant le minimum.
Le motif de départ est classique, une pandémie totalement hors de contrôle décime peu à peu la population. On espère, un brin sadique, que l’on va voir défiler devant nos yeux gourmands, des montagnes de cadavres, d’énormes pustules déformant les visages, des malades déformés par le mal qui les ronge. De malade, il faut se contenter d’une grosse femme qui agonise sur son lit en crachant des gros caillots de sang.
Phase 7, plus que sur le cas des malades, se penche sur les rapports sociaux qui s’installent entre une quinzaine de voisins confinés dans leur immeuble par mesure de quarantaine. On suit la montée en tension des rapports sociaux qui s’installe entre eux quand les biens les plus essentiels, les vivres surtout, viennent à manquer. En restant toujours crédible, le film parvient à installer un climat de guerre civile entre les habitants, transformant l’immeuble en un théâtre d’opérations des plus dangereux, sorte de lazer game du réel. Quelle que soit la personnalité de chacun (paranoïaque, bon mari, vieux beau, filou,etc…), tous finissent par se transformer en brutes impitoyables et sanguinaires, capables du pire pour protéger leur existence et celles des leurs, devenues si précaires. Les comportements les plus extrêmes se font jour, chacun découvrant le primitif qui sommeille en lui et s’y soumettant.
Tout en privilégiant l’efficacité par des plans courts, le film parvient à parsemer l’histoire de quelques moments d’intimités, propices à quelques longs silences inhabituels, qui mettent parfois mal à l’aise. La démonstration est éclairante que notre civilisation n’est qu’une façade qui n’a rien de naturel et qui ne tient qu’à notre organisation, nos lois, nos groupes ethniques, nos régimes politiques bref, la société n’existe que lorsqu’elle est présente pour baliser le quotidien des citoyens.
Ôter ces repères revient à lâcher les chiens…