Sorti en 2014 et réalisé par Stephen Frears, le film Philomena est adapté du livre du même nom de Martin Sixsmith. C'est une histoire tirée de faits réels, une histoire incroyable qui nous interroge sur la nature humaine. Toujours à la limite du mélodrame larmoyant, le film parvient néanmoins à nous émouvoir, en partie grâce au jeu sobre et juste de ses deux interprètes Judi Dench et Steve Coogan.
Nous sommes en Irlande, au début des années 50 (1952 pour être plus précis). C'est à la suite d'un flirt qui est allé un peu trop loin, que la jeune Philomena Lee (Sophie Kennedy Clark) se retrouve enceinte. Alors adolescente, elle est donc envoyée dans une maternité tenue par des religieuses pour la prendre en charge. Le climat est rude dans le couvent et les religieuses, notamment soeur Hildegarde (Barbara Jefford), ont souvent des propos très dures sur les jeunes mères, condamnant le "péché de chair" et reliant les difficultés de l'accouchement à la faute qui fut commise. Philomena voit alors son petit garçon Anthony être confié à ses parents adoptifs, sans même pouvoir lui dire adieu une dernière fois.
Nous retrouvons ensuite Philomena cinquante ans plus tard (Judi Dench) et elle ne se pardonne toujours pas l'abandon de son petit garçon Anthony. Rongée par le remord, elle décide enfin de parler et de partager ce lourd secret avec sa fille Mary (Mare Winningham) qui la pousse alors à retrouver sa trace. C'est pourquoi elle prend l'initiative d'entrer en contact avec Martin Sixsmith (Steve Coogan), un ancien journaliste de la BBC qui vient tout juste de perdre son job. Ce dernier est hésitant, mais finit par se laisser convaincre et conclut un juteux contrat avec un tabloïd anglais pour mener l'enquête avec Philomena et pondre en échange un article qui s'annonce sulfureux et à charge contre l'Église. Notre improbable duo se rend alors aux États-Unis, à la recherche d'Anthony.
Le duo que forme Philomena et Martin est très savoureux. Judi Dench (aka M. des derniers James Bond) est ici exquise de simplicité, de présence et de naturel. Avec Steve Coogan, ils forment un joli "couple" que tout oppose. Elle, c'est la femme de foi, une foi simple, humble et solide qui irradie tout le film. Lui, c'est le journaliste pessimiste et antisocial, qui prend à son compte toutes les critiques et tous les poncifs entendus sur la religion. Leurs discussions sont souvent vives et animées, mais Philomena obtient toujours le dernier mot. Elle ne lâche rien, poussée par sa foi chevillée au corps et par une forte volonté de vouloir la partager. Le petit jeu qui se joue entre les deux acteurs est un pur régal.
C'est une histoire poignante qui méritait vraiment d'être racontée, mais peut-être avec un peu plus de nuance. Stephen Frears a du mal a trouver le juste milieu entre condamnation et compréhension, à l'image des deux personnages, l'un pardonnant, l'autre non. Il n'y a pas de juste milieu, pas d'échange, juste deux points de vues qui s'opposent. Le réalisateur des Liaisons Dangeureuses reste trop hésitant et a du mal à trouver le ton juste, celui qui émeu et bouleverse, celui qui fait réfléchir et invite au dialogue.
En outre, on reste un peu déçu par le déroulement du scénario qui reste trop prévisible et par une fin un peu trop consensuelle. Pour Philomena, il faut pardonner pour rester en paix. C'est à ce titre qu'elle rétorque à Martin, à la fin du film : "Je ne suis pas comme vous. Je peux pas être en colère, c'est fatiguant la colère." Stephen Frears nous dévoile toute la beauté de ce personnage très modeste, voire même un peu trop modeste.
Bref, Philomena est un film poignant, mais un peu trop prévisible à mon goût. Le scénario est entièrement balisé, avec la rencontre de deux personnages que tout oppose et qui vont s’ouvrir l’un à l’autre, avant l’apaisement final. Ceci-dit, l’écriture est suffisamment fine et le duo attachant, pour qu’on s’attache à l’histoire. Judi Dench donne une amertume altière et convaincante à son personnage et Steve Coogann trouve un bel équilibre entre cynisme et candeur. Et malgré certaines longueurs, j'ai été touché par ce film.