Le roman sans grand intérêt, dont on est tiré très très librement le scénario, laissera peu de trace. J’étais donc curieux de savoir ce qu’allaient en tirer Frears et Coogan, si ce n’est qu’un mélo guimauve à la James Lee Brooks (Terms of endearment). Dès les premières scènes, j’ai été tout à fait rassuré. Car le film est finement et intelligemment écrit (d’où son prix à Venise). Il reprend en fait tous les éléments forts de cette histoire et se focalise sur “ Philomena ” et cette souffrance tant physique qu’intellectuelle que cette mère a subie pendant des années en voulant retrouver ce fils perdu. Ce personnage est brillamment dépeint dans le moindre détail et prend vie grâce à une Judie Dench éblouissante d’authenticité. On se souviendra longtemps de la scène clé où ses yeux humides se perdent dans le vide d’un désespoir amer. La caméra semble figée sur elle, nos cœurs le sont tout autant. Steve Coogan apporte lui aussi sa part d’émotion. Le pari est donc réussi pour Frears, même si on l’a connu, par le passé, plus mordant et un poil moins académique.