Entre le navet psychotronique totalement portnawak (un Van Damme survolté qui participe à une course de pousse-pousse en se faisant fouetter par Rob Schneider, un scénario incompréhensible bourré de trous, d'élipses maladroites et de raccourcis fumeux) et le film d'action décomplexé tel que Hong Kong pouvait le pondre dans les années 90, Knock Off est certes un petit nanar de compète pour celui qui fut (et reste par certains aspects) le plus grand metteur en scène de film d'action du monde, mais je ne peux m'empêcher de l'aimer - un petit peu.
Parce que dans les 3 ou 4 scènes où le film oublie un peu sa propre connerie Hark nous rappelle à quel point il est un maître derrière une caméra, avec des bastons filmées avec une énergie, une patate et une inventivité qui devraient faire rougir la plupart des besogneux qui se prétendent metteur en scène de l'autre côté de l'Atlantique.
Oui, Van Damme en est réduit à être un pantin élastique donneur de coups de pied tout en débitant des dialogues stupidissimes (on a dit que Hark s'était vengé de son comportement de diva sur le très mauvais Double Team). Oui, Schneider mériterait (pour ce film mais globalement pour l'ensemble de sa carrière) d'être fisté au papier de verre, puis trempé dans du vinaigre. Oui, le rôle de (la fort jolie) Lela Rochon n'est pas mieux, et voir débarquer Paul Sorvino au beau milieu de ce bordel ne fait que rajouter une couche de WTF à un mille feuilles déjà bien copieux vue l'incroyable débilité d'un scénario pourtant signé de Mr 48 Heures / Piège de Cristal, j'ai nommé Steven E. De Souza.
Mais il n'empêche. Ce cinéma foutraque, barré, furieusement audacieux, où on ose l'insert d'une ampoule qui éclate pendant un combat, un plan subjectif sur l'enfilage d'une basket, ou des zooms furieux avec images de synthèses péraves sur chaque bidule électronique qui apparaît à l'image, dans lequel Hark emploie absolument TOUS les trucs à sa portée pour rendre son film aussi généreux et bourratif que possible, ce cinéma là, donc, n'existait qu'à Hong Kong, et il est aujourd'hui mort et enterré. On peut d'ailleurs fortement soupçonner Knock Off d'avoir certainement contribué à ce décès.
Hark ne se remettra vraiment qu'avec un Time & Tide tout aussi incroyable du point de vue de l'invention stylistique et de l'énergie, mais cette fois sans Van Damme cocaïné. Le cinéma d'action de Hong Kong, lui, est sous soins palliatifs, sorti de quelques fulgurances signées Johnnie To et consorts, et c'est bien dommage...