En démarrant "Piège à minuit", je pensais voir un film noir de série B - principalement en raison de l'affiche et du titre français. En réalité, s'il s'agit bien d'un divertissement en mode thriller, "Midnight Lace" s'apparente plutôt à une grosse production, avec des stars au casting (Doris Day et Rex Harrison notamment) et des moyens considérables visibles à l'écran (décors, costumes, effets visuels...).
C'est d'ailleurs cette atmosphère à la fois cosy et inquiétante, très ancrée dans les années 50-60, qui m'a particulièrement séduit, car l'intrigue n'est pas particulièrement mémorable ni très bien ficelée (on relève a posteriori des incohérences et des facilités narratives). Mais "Midnight Lace" est le genre de film dans lequel on se sent bien, au sein de ces grands appartements londoniens cossus, à l'abri du froid et du brouillard menaçants.
On suit en effet un couple de riches américains récemment installés à Londres, au mode de vie bourgeois typique de cette époque, quand madame attendait sagement que monsieur rentre du bureau en lui préparant son cocktail préféré, avant d'aller passer la soirée dans une loge à l'opéra. Ces valeurs désuètes, délicieusement ringardes, ancrent bien le film dans son époque et diffusent une certaine nostalgie surannée - à l'image de Myrna Loy qui a constamment besoin d'un drink.
Pour autant, il s'agit d'un thriller, la dame en question étant victime de menaces de mort par téléphone. Durant tout le film, on s'interroge donc sur l'auteur de ces menaces, parmi une vaste galerie de suspects, selon une dynamique narrative de type whodunit.
De toute évidence, certains trouveront le film de David Miller mou et planplan, avec une Doris Day crispante qui passe son temps à pleurnicher et jouer les hystériques. Pour ma part, j'étais dans l'état d'esprit ad hoc pour apprécier ce divertissement à l'ancienne, et j'ai passé un bon moment.