C'est Noël et John McClane,lieutenant de police new-yorkais,débarque à Los Angeles pour y rejoindre sa femme et ses enfants,installés là depuis que madame a décroché un poste important chez Nakatomi,une gigantesque entreprise,cette séparation ayant créé un froid entre les époux.Il rejoint la fiesta organisée au Nakatomi Plaza,l'immeuble ultra-moderne où siège la compagnie,mais un commando de terroristes allemands fait irruption et prend tout le monde en otage.Enfin pas vraiment tout le monde puisque McClane prend le maquis et va mener la vie dure aux affreux."Piège de cristal" signe le coup d'envoi des "Die Hard",son titre original,qui comptent cinq unités à ce jour.Un succès étonnant quand on voit le ratage que constitue ce premier essai.Certes c'est techniquement bien foutu,le réalisateur John McTiernan est un bon spécialiste de l'action et filme bien les gunfights ,les bastons,les explosions,et il utilise habilement les effets spéciaux et le décor de cette immense tour où se déroule tout le film et qui rappelle le bon vieux "La tour infernale".En outre,il y a une excellente musique de Michael Kamen et la photo est estampillée Jan de Bont,qui ne passera à la réalisation que six ans plus tard avec "Speed".Du beau monde donc,réuni par le producteur Joel Silver,un as du ciné qui déménage.Mais bon,on a beaucoup vu tout ça ailleurs,et il eût fallu un scénario pour surpasser la concurrence.Jeb Stuart et Steven de Souza,qui adaptent ici un roman de Roderick Thorp,ont souvent fait preuve de talent mais là ils se foutent juste de la gueule du spectateur,se reposant sans doute sur l'aspect spectaculaire de l'affaire.Leur script,c'est de la merde d'un bout à l'autre,pas un élément ne tient debout et on barbote dans le WTF à haute dose.Certes on n'est pas dans du ciné-vérité et on se doit d'observer la fameuse suspension d'incrédulité consubstantielle à toute fiction,mais il y a quand même des limites à respecter si on veut éviter de déverser un tombereau de conneries sur l'écran.Là,ce n'est plus une suspension d'incrédulité qui est nécessaire,il faudrait carrément se couper la tête.Voici donc l'ami John,un petit flic en marcel et pieds nus,qui va foutre la branlée à toute une équipe de mercenaires aguerris et suréquipés.Le gars se baguenaude à l'aise dans tous les coins et recoins de cet immeuble géant où il n'avait jamais foutu les pieds nus ni chaussés comme s'il en avait lui-même dessiné les plans,quel sens de l'orientation!Ca lui permet d'échapper sans cesse aux vilains,qui pourtant avaient apparemment potassé la question.Ce type c'est James Bond et Rambo réunis,et dire que sa carrière végète,c'est vraiment trop injuste!De temps en temps les méchants le retrouvent mais,allez savoir pourquoi,ces tireurs d'élite bardés de matos sophistiqué s'arrangent pour le louper à tous les coups.On dira ce qu'on veut,depuis qu'ils ont fermé la Stasi les allemands c'est plus ce que c'était.Les mecs n'en mettent pas une dedans,et c'est pas faute de mitrailler,un gâchis de munitions invraisemblable,au prix où ça coûte.C'est un peu le niveau des frappes chirurgicales du Pentagone finalement,ces olibrius seraient infoutus de shooter Zelinsky avec son justaucorps fluo au milieu d'un champ moissonné.McClane,lui,il cartonne pendant ce temps-là,et les assaillants se font éliminer un par un,parce que les cops de la Grosse Pomme vont s'exercer au stand de tir,eux,le travail ça paye.Au centre du foutoir trône le grand chef des criminels en bande organisée,Edouard Baer.Quoi?Ah OK,alors oui parce que non c'est Alan Rickman en fait,mais c'est à s'y méprendre.Alors lui,c'est le dandy suave en pleine crise de self control,une sorte de Sugar Dandy.Le gars a pris sa tisane avant de venir et rien ne le perturbe.De temps à autre un de ses employés vient le voir en lui disant "on est mal patron,l'autre là,le gars de chez Lidl,il a décanillé Adolf et Helmut,après Gerhard,Jan,Peter et Klaus ça commence à faire des trous dans l'effectif!".Mais ça n'entame nullement la sérénité de Gruber qui,royal,rétorque:"c'est pas grave les mecs,le plan se déroule comme prévu,tout va bien".Parce qu'il a lu le scénario,lui,il y a eu des fuites à la prod et il sait que tout son gang va y passer mais qu'il sera le dernier,alors il a le temps.Les péripéties les plus ineptes qu'on puisse imaginer se poursuivent donc sans encombre,et Hans entre même en contact avec Johnny par talkie interposé.Vu le contexte on pourrait se dire que,Gruber détenant une trentaine d'otages,il lui suffirait de sommer McClane de se rendre en menaçant par exemple d'en exécuter un toutes les cinq minutes.Ce n'est pas gentil mais on a affaire à des gens très cruels qui ont déjà dézingué sans aucune hésitation le personnel de sécurité et le japonais qui dirigeait la boîte,alors ça devrait pas les gêner.Mais non,il doit être distrait le père Gruber,il n'y pense pas,et ça se prétend génie du crime!A propos de l'exécution du jap,ça vaut son pesant de sushis.Hans veut qu'il lui indique un code débloquant des données informatiques,l'autre ne veut pas parler et ça négocie un bon moment,et finalement le boche loge une bastos dans la tronche du bridé,alors qu'ils étaient alliés pendant la guerre,c'est pas cool ces trucs-là,avant de déclarer que de toute façon il n'a pas besoin de lui car il a dans sa mauvaise troupe un super méga hacker qui va craquer le bordel fingers in the nose.Bien,mais pourquoi avoir perdu du temps à interroger le gus?Quelques mégatonnes de verre pilé et de destructions diverses plus tard,McClane est toujours en train de ramper dans les conduits et les ascenseurs sans coup férir,et là grosse chute de tension.Il a réussi à alerter les autorités mais on ne le croit pas,il passe pour le plaisantin aviné qui gâche les fêtes de fin d'année des pompiers.On finit cependant par envoyer un pauvre sergent obèse qui vient aux nouvelles.S'apercevant qu'il y a un problème,il va se mettre à causer avec John,toujours le talkie,merveille de la technologie,et on entre dans la quatrième dimension.Les deux zigotos vont tellement sympathiser par ondes interposées qu'ils vont finir par se raconter leur life.On ne sait pas si ça finira par un mariage mais ils se font de tendres confidences,c'est pas comme si de dangereux bandits étaient dans la tour avec tout plein d'armes,d'explosifs et d'otages,on peut bien discuter et s'en griller une,diantre,déjà qu'on est en heures sup à Noël.On apprend ainsi que le flic a été placardisé dans un bureau à cause d'une mortelle bavure.Fichtre!Que fait-il alors à patrouiller dans les rues en bagnole de police,s'il est interdit de terrain?Après les affaires reprennent,et McClane se fait choper par un ennemi dont il a quelques minutes plus tôt tué le frangin.Il s'appelle Karl et il est pas content après John,très remonté même,limite agressif.Il tient le policier au bout de sa mitraillette mais voilà que lui aussi a envie de se livrer,d'exprimer sa rancoeur suite au deuil récent qui l'a touché,et il veut détailler au ricain les supplices qu'il va lui infliger.Et tant qu'à faire,il décide de régler ça à mains nues,ce qui évite à Stuart et de Souza de trouver quelque chose pour sauver le héros qu'il faut emmener jusqu'à la fin du film vu que c'est le héros.Forcément,après ce miraculeux rééquilibrage des chances,c'est Johnny qui met minable le teuton.Mais les miracles ne sont pas épuisés,il y en a encore en stock et voilà-t-y pas que McClane tombe sur Gruber,dernier malfrat valide comme prévu.Mauvaise surprise,Hans est planqué derrière Holly,la gente épouse de John,et il est armé.Logiquement il devrait flinguer direct ce type qui lui pourrit la vie depuis bientôt deux heures,mais pas du tout,il est pris à son tour d'une irrépressible envie de se confier sur sa carrière de hors-la-loi,ses objectifs professionnels,ses vacances au soleil,tout ce qui fait le charme d'une existence bien remplie.Evidemment ça laissera l'occasion au flic de dégainer le premier et de lui régler son compte,en conclusion de la scène de fou-rire la plus fausse et la plus gênante de l'Histoire du Cinéma.Pour être juste,il faut reconnaître qu'il n'y a pas que les situations qui sont ridicules,les personnages le sont aussi,au point qu'on a souvent l'impression d'assister à une parodie tant ils sont outrés et confits dans la nullité.Signalons en priorité le collègue cocaïné qui se fait descendre comme un con après être venu entamer une négociation dont on ne comprend à aucun moment l'utilité et qui évite soigneusement de faire état du seul levier de négo dont il dispose,la connaissance du lien entre John et Holly.Il y a aussi le chauffeur débile et survolté qui passe le film coincé dans sa voiture au sous-sol en se consacrant à toutes sortes d'activités stupides,pour finalement aller sans raison raisonnable foncer dans le camion des gangsters.Le chef de la police locale est pas mal non plus dans le genre arrogant,trouillard et timoré,le ridicule personnifié,et les agents du FBI surexcités,nommés tous deux Johnson car on ne recule devant aucun gag finaud,et qui se croient au Vietnam sont croquignolets également.Pour finir,les époux McClane sont réconciliés,c'est la moindre des choses vu les exploits de monsieur,et s'en vont rejoindre leur progéniture car avec tout ça on est un peu en retard pour le réveillon.Bruce Willis,à l'époque jeune,mince et avec des cheveux,traverse le film en arborant un constant air ahuri,Bonnie Bedelia est moche et inexistante.Reginald VelJohnson est nul et William Atherton pas mal en journaliste rapace.Le vieux Robert Davi fait une apparition très sympa en agent fédéral avec son visage grêlé.Chez les méchants,Rickman est parfait en cerveau criminel distingué et l'ex danseur soviétique Alexander Godunov impressionne en brute épaisse.