On ne peut se résoudre à regarder Piège de Cristal autrement qu'en VF, porté par le doublage brillantissime du regretté Patrick Poivey, comique dans l'âme, qui insuffle sa patte "bonne humeur décomplexée" dans ce film d'action aux dialogues cyniques et à l'anti-héros qui n'attendaient que cela. Après plusieurs rencontres avec ledit Patrick Poivey (qui nous saluait d'un "Yippe-ki-yay, pauvre con !!!" à faire retourner tous les passants, quand on le lui demandait, un gars formidable), on n'imagine toujours pas ce gai luron derrière un micro lorsque Bruce Willis parle dans un film : il est Bruce Willis ("mais avec des cheveux" comme il disait), et la qualité de son doublage ne nous fait jamais regretter la VO. On se délecte donc des répliques devenues cultes pour les fans de la saga telles les "Sans blague ! Et vous croyez que j'appelle pour commander une pizza ?!" ou "*C'est Gary Cooper, c**nard !*" qui font de ce premier Die Hard un objet non identifié pour ceux qui s'attendaient à un film d'action banal. On dira même que Die Hard est le parfait opposé du film d'action "à papa", dans lequel le héros est valeureux, bien musclé, sûr de lui et armé jusqu'aux dents face aux méchants. Ici, nous avons John McClane, un policier père de famille lambda, qui venait simplement passer Noël avec sa femme, mais se retrouve à jouer le sauveteur contre son gré lors d'une prise d'otage par des braqueurs allemands, et forcé de tout faire lui-même quand la police sur place ne fait rien d'efficace... L'action est évidemment au rendez-vous, mais l'on rigole bien grâce à ce second degré assumé, et l'on ne boude pas notre plaisir d'un face-à-face entre Bruce Willis et Alan Rickman (également grand Monsieur regretté...). Ce film s'accompagne d'une flopée d'anecdotes quant à son tournage mouvementé, ce qui ne fait que renforcer notre envie de le revoir encore et encore, avec les détails en tête. Ainsi, l'on sait que les dialogues en allemands d'Alan Rickman ne veulent rien dire, que ce dernier n'était pas taillé pour les films d'action (il sursautait à chaque coups de feu, ce qui se voit parfois à l'écran dans le montage final, et sa chute finale s'est faite sans prévenir l'acteur pour obtenir une authentique expression de peur), qu'au début du film on voit l'intérieur vide du camion des braqueurs (le faux-raccord avec l'immense ambulance qui en descend plus tard dans le film n'a été vu que lors de la fin de la post-production, et le réalisateur John McTiernan a décidé de sortir le film tel quel) et que l'on retrouve le gros nounours en peluche du film à la fin d'A la poursuite d'Octobre rouge (également réalisé par John McTiernan). Beaucoup d'histoires autour de ce film déjà culte (si vous souhaitez en savoir plus, il existe un sympathique documentaire de genèse sur Netflix : The Movies That Made Us, très complet et concis), qui en font un sujet de discussion idéal pour les cinéphiles en soirée. Un film d'action qui explose les clichés du genre, adopte un ton cynique qui lui va (très) bien au teint, avec un anti-héros hilarant et un méchant réussi, et un doublage plus qu'inspiré. Toujours un plaisir à revoir.