Si les Américains ont l’art de ressasser certains sujets, les Français ont l’art de ressasser les titres. Après la belle trouvaille qu’était Piège de cristal, ont suivi Piège en haute mer et Piège à grande vitesse pour l’ami Steven Seagal et donc ce Piège en eaux troubles. Inutile, bien entendu, de préciser que ce « quatrième piège » n’a évidemment rien à voir avec les films précédents qui étaient plutôt des films d’action. Cette réalisation du début des années 90 s’inscrit davantage dans la veine des thrillers de cette décennie avec tueur en série et enquêteur obstiné. Si on ajoute l’accroche ridicule de l’affiche (« Ils n’avaient qu’à pas le mettre à l’eau s’ils ne voulaient pas qu’ils fassent des vagues »), le film n’est vraiment pas des plus engageants et s'expose à toutes les critiques les plus acerbes.
Le résultat est pourtant très sympathique. Au menu une chouette course-poursuite en bagnole, une enquête qui en vaut une autre dans une ambiance rappelant parfois Copland, un personnage en quête de rédemption qui est aussi victime d’un coup monté. Bien entendu, c’est un film de série dont l’ambition ne va pas plus loin que celle du simple divertissement. Il n’est pas question ici de réinventer le thriller mais simplement de respecter le cahier des charges avec un casting qui tient franchement bien la route. Si la révélation finale peut sembler manquer de sel et si l’explication de gravure qui suit entre les deux protagonistes verse un peu dans le grotesque, l’ensemble cependant plutôt convaincant.
Dézingué à sa sortie, mal aimé par le public, le film est désormais peu diffusé et squatte les bacs à soldes. Cela vaut pourtant bien les DTV ou les films réalisés à destination unique des plateformes qui se font aujourd’hui. C’est pas du grand cinoche, c’est sûr, mais le résultat, si on aime le genre, est tout à fait distrayant.