Film choral plutôt pas mal et même bon, avec une belle galerie de freaks et le rapport au corps comme lien. Le truc, c'est que ce qui est bien avec ce film est aussi sa limite: c'est frontal, cru et même cruel, et ça n'a pas peur d'en faire des caisses dans le scabreux et le gênant (Nan, mais la tête de cul !), pas moins d'ailleurs que dans le production design qui reste lui aussi dans le charnel, avec une déco qui passe par toutes les nuances du rose au mauve, et plus c'est kitsch et moche, mieux c'est (avec pourtant, toujours un certain équilibre).
Le problème, c'est que du coup, le fait que tout cela ne soit pas moraliste, la profondeur qu'on pourrait trouver dans ce récit, la tendresse qu'on pourrait ressentir en tant que spectateur pour ces persos en mal d'amour, hé be ça passe à l'as. En bref, on passe d'une vignette à l'autre, d'un sketch à l'autre, mais on ne sait guère si c'est plus à voir au premier degré ou avec un recul ironique, et c'est un peu dommage. Un drôle de numéro d'équilibriste, donc.
Même si, pour le coup, en terme de freaks et de rapport au corps, ça m'a pas mal rappelé Taxidermia, qui était tellement plus puissant (mise en scène, attachement aux persos, tout)
(Et on me souffle dans l'oreillette que Casanova a depuis réalisé La Piedad, qui apparemment a les mêmes qualité que Pieles. Reste à savoir si il en a les défauts...)