P'yer i volk (Ma vraie note 6,5/10)

Après avoir parlé à plusieurs reprises de la souris aux grandes oreilles, passons un peu à autre chose tout en restant dans le domaine Disney.

Vous souvenez-vous de Fantasia et de la séquence abandonnée Danse Macabre de Camille Saint-Saëns ayant finalement servi d'accompagnement musical au court-métrage Mickey et la Maison en Sucre? Et bien, sachez qu'elle n'est pas la seule à avoir été supprimée du Grand Classique Disney musical.

En effet, pour éviter d'être trop long (et aussi, parce que d'autres séquences étaient jugées plus dignes d'intérêt que d'autres), beaucoup de séquences ont été abandonnées en cours d'écriture ou alors quand elles venaient à peine d'être achevées.

Heureusement, ces séquences ne furent pas perdues pour autant car elles se sont retrouvés dans un autre Grand Classique Disney à savoir le package-movie La Boîte à musique.

Cependant, les séquences annulées ne furent pas présentées avec leurs musiques classiques prévues à l'origine mais avec des musiques à l'esprit opéra-jazzy...

..que celui de Fantasia restant, du début à la fin, posé et calme dans son ambiance sonore.

Toutefois, parmi elles, une séquence adaptant une musique racontant une histoire définie a vu son ambiance sonore originale pour rester cohérente avec ce que l'on voit à l'image.

En effet, L'Apprenti Sorcier de Paul Dukas (mettant en vedette notre souris Disney préférée) ne devait pas être la seule musique narrative établie dans Fantasia.

Une autre était initialement prévue pour figurer dans le long-métrage. Il s'agissait de Pierre et le Loup de Prokofiev.

Au même titre que le package-movie Coquin de Printemps avec Mickey et le Haricot Magique qui fut détachéde l'ensemble pour former un moyen-métrage unique dans une VHS, Pierre et le Loup sorti sous forme de moyen-métrage à part entière dans la collection des Minis-Classiques.

_VHS dans laquelle figurait également l'hilarant cartoon "Mickey-L'Heure Symphonique" sur lequel j'ai rédigé une critique ici https://www.senscritique.com/film/l_heure_symphonique/critique/279408601_

Que vaut donc le moyen-métrage en lui-même? Si ce dernier respecte assez bien la musique de Prokofiev, il n'en prend pas moins quelques libertés par rapport au schéma narratif de base, notamment en le raccourcissant, mais sans trahir l'histoire pour autant.

Parlons maintenant du récit. Un loup rôde dans une forêt près d'un village, ce qui ne plaît à un petit garçon nommé Pierre qui désirerait le capturer malgré les réticences de son grand-père. Accompagné d'amis-animaux, il se lance à la poursuite de la bête féroce.

Ce qui se révèlera ne pas être la meilleure des idées vu que le loup a l'apétit facile.

La grande qualité du moyen-métrage est que l'ambiance "conte" se ressent bien tout en ayant la patte Disney qui n'hésite pas à donner des prénoms définis aux personnages afin qu'on sache qu'il s'agit de sa version.

Ainsi, l'oiseau s'appelle Sacha, le chat a pour nom Yvan et le canard devient une canne nommée Sonia.

Seuls le grand-père et le loup demeurent non-nommés.

Puisqu'on parle littéralement du loup, on aurait pu craindre que Disney réutilise le design du Grand Méchant Loup pas très effrayant des Sillies Symphonies: Les Trois Petits Cochons et Le Petit Chaperon Rouge. Heureusement, ce ne fut pas le cas. En effet, le loup du moyen-métrage a une tête, non seulement de bête féroce, mais également de démon; aspect renforcé par son peulage sombre et sa langue à la couleur sanglante.

Personne n'aimerait se trouver sur son chemin celui-ci n'arrêtant pas de sortir les griffes, les crocs, ouvrir sa bouche, rugir ou encore ouvrir ses grands yeux jaunes et rouges pour vous montrer qu'il n'a qu'une seule envie: vous dévorer, de préférence, vivant.

C'est LE meilleur personnage de l'histoire justifiant à lui seul le visionnage du court-métrage.

Puisqu'on a parlé du méchant, parlons maintenant du héros. Pierre n'a rien de grandiose. C'est, avant tout, le stéréotype du gentil héros meneur faisant face au danger malgré ses peurs et n'aimant pas l'autorité.

Quant aux autres personnages, c'est également des stéréotypes sans profondeur mais dans le bon sens du terme. Yvan et Sacha sont excellents dans le jeu du chat et de la souris (ou plutôt de l'oiseau dans le cas présent) donnant un humour un peu cartoon au moyen-métrage où l'animation renforce les situations comiquement ridicules entre ces deux-là.

Quant aux autres personnages, ils sont limités à leurs fonctions et il n'y a pas grand-chose à dire sur eux.

Maintenant que nous avons parlé de l'histoire et des personnages, penchons-nous sur l'aspect visuel et l'animation du moyen-métrage.

Disney a toujours été réputé pour faire de l'animation de qualité. Autant le dire, Pierre et le Loup n'échappe pas à la règle Disney tenant à sa réputation sacrée de géant de l'animation. De plus, étant tiré d'un film d'animation destiné au cinéma, le moyen-métrage est visuellement beau se déroulant dans un paysage enneigé à la belle blancheur lactée.

Par contre, en ce qui concerne les apparences des personnages...Ben, c'est du touché-coulé. En effet, le conte de base étant russe, le moyen-métrage a voulu faire un clin d'oeil au pays en question sauf que si c'est sympa dans la théorie, ça ne marche pas du tout dans la pratique.

En effet, les personnages secondaires et tertiaires portent des pseudo-chapeaux de cosaques ne ressemblant pas du tout à ce qu'ils étaient historiquement, les figurants dansent en faisant "Oy! Oy!" sans compter le fait que tous les personnages et figurants ont des nez ronds assez moches.

Et le plus gros problème du moyen-métrage: le fait qu'il y ait une narration. C'est bien joli d'avoir voulu mettre un récitant comme dans le récit musical de base sauf que comme l'a si bien dit le youtubeur Le Grimoire d'A.

Ce qui marche sur le papier ne marche pas forcément sur grand écran.

En effet, si dans un concert narratif, la présence d'un narrateur est justifié, ce n'est pas forcément le cas dans le cadre d'une oeuvre destinée à l'écran.

Chose qu'avait bien compris Suzie Templeton, réalisatrice du film Pierre et le Loup en motion-capture, en supprimant toute trace de narration audio dans son oeuvre afin que les spectateurs profitent pleinement d'un récit retranscrit à l'écran où les images disent tout.

Malheureusement, Disney n'a pas eu la même idée de génie que cette femme en rendant un récit qui aurait pu être appréciable agaçant.

Comme l'a si bien dit Mayo-Lek, dans sa review sur La Boîte à Musique, à l'encontre de ce narrateur dispensable.

Je pense que tu devrais figurer en illustration de la définition de "moins-value" dans le dictionnaire.

_Moins-Value: Diminution de la valeur d'une chose; perte de valeur (opposée à plus-value)_

En effet, le narrateur semble plus être un commentateur qu'autre chose vu qu'il ne fait que dire ce qui se passe à l'écran au moment où les péripéties s'enchainent du début à la fin.

Le spectateur voient que les personnages ont trouvé le loup, le narrateur le fait remarquer. Yvan et Sasha se battent, le narrateur le fait également remarquer...Ainsi, au fur et à mesure du visionnage, on est tellement frustrés par ce pseudo-narrateur qu'on a envie de lui dire ceci...

https://www.youtube.com/watch?v=_AT8DlxgtxA

De plus, quand on sait qu'à la base, le moyen-métrage devait être, tout comme les segments de Fantasia, muet, cela nous laisse dans une triste amertume car, si ce bon choix avait été conservé, Pierre et le Loup aurait été accessible à un large public dans le monde entier pouvant apprécier une histoire grâce à ses musiques et ses images sans qu'une langue unique devienne un obstacle face à cette découverte.

Bref, si Pierre et le Loup n'est pas un chef d'oeuvre, ses qualités auraient pu compenser ses défauts et le rendre appréciable. Malheureusement, cela est empêché par le fait que Disney ait fait LA chose à ne pas faire.

Dommage!