Pina
7.5
Pina

Documentaire de Wim Wenders (2011)

C'est bien, c'est beau, c'est Bausch

Encore un film affublé de la précision "(3D)" ; j'ai préféré le voir sans ce procédé injustement vendu comme miraculeux et génialissime qui s'avère un grand générateur de migraines. Je ne vais donc pas vous déblatérer une critique sur l'utilité ou non de la 3D dans ce cas particulier mais sur le film en lui-même.
Je ne connaissais pas vraiment Pina Bausch avant le film, mais j'ai reconnu en son œuvre un monument qui semble avoir largement influencé la danse contemporaine. Les images sont belles, le spectacle est délicieux. L'admirer par caméra interposée est relativement intéressant : chaque mouvement, aussi petit soit-il, nous est perceptible, là où nous ne pouvons parfois pas tout voir devant une scène. L'émotion est au rendez-vous. J'ai pu constater un écart fréquent entre la musique et la danse elle-même, un écart entre une gaieté de l'atmosphère et une rage ou tristesse des mouvements, comme pour figurer la solitude de Pina face au monde. Force est de constater que c'est toujours la danse qui prend le dessus, qui noie la musique sous ses propres sentiments. C'est noter la force remarquable du travail de Pina Bausch.
La danse ici ne fait pas que renvoyer à une émotion, elle pousse en même temps à la réflexion. Dans ce cadre très contemporain, je n'ai pas pu m'empêcher de penser aux travaux théâtraux d'Antonin Artaud. L'œuvre de Pina n'est pas stérile, elle ne vit pas que pour elle-même mais figure un réel rapport au monde, que de questionnements derrière une chorégraphie. La scène de la robe rouge dansée sur de la terre m'a beaucoup marqué. On sent une sorte de tribalisme, d'archaïsme, par la présence de la terre mais aussi par la danse hallucinée des danseurs devenus hommes des cavernes. La robe rouge : symbole de la différence ? La danseuse qui revêt la robe rouge, un bouc-émissaire ?
Pina surprend, dans le meilleur sens du terme. Chaque mouvement est un délice d'étonnement. Le côté documentaire-interview est relativement touchant et constitue un bel hommage à cet artiste de génie qui conserve une grande part de mystère et prend une allure mythique.
A VOIR ABSOLUMENT (en déroutera cependant plus d'un)
King-Jo
9
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le 19 avr. 2011

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King-Jo

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