"The Wall" est la démesure même. Cela se ressent dans le double album génial, cela se ressentait sur les concerts démentiels. Le film ne pouvait pas ne pas avoir le même souffle surpuissant. Mais bon, faut être honnête, c'est plus un clip qu'un film.
Pourquoi ? Waters est derrière le scénario. Et incontestablement, euh... il n'a pas tellement le sens de l'écriture cinématographique. Il a une vision très superficielle de la guerre (pour lui, ça se résume juste à des gens qui se battent, et qui du coup sont blessés, et ça serait cool qu'ils rentrent). De même, la partie "pas de communication avec sa femme" n'a pas de sens dans le film, et il est également très maladroit de l'associer à la chanson "Mother". Et surtout, ce qui est très flagrant: Waters est le pire dialoguiste de tous les temps. C'est bien simple, il a bien fait de n' en faire que 5. Des pépites comme "Chacal ! Tu ne m'aimes pas, c'est ça ?" d'un producteur ou "Pink, espèce de sale morveux !"", sorti de la bouche d'un gamin à son pote, sans aucune raison... Le dernier gros défaut que je lui donnerai, c'est un gros "Dommage !": pourquoi ne pas avoir traité "Hey You" ? Autant "The show must go on" c’est compréhensible, autant il y avait de quoi faire des merveilles avec cette chanson sur la solitude... d'ailleurs, elle est visible dans les bonus en tant que scène coupée, et elle est très mal exploitée. Pourquoi ??
C'est donc davantage un clip qu'un film. Le clip le plus monumental de tous les temps. Je me demande vraiment le montant de son budget, avec tous les univers et décors que l'histoire déploie: entre les champs de batailles, les bancs d'école, la chambre, les salles de meeting... Pour un clip au potentiel commercial très incertain, tout ça ! Mais heureusement, c'est surtout le meilleur clip du monde. Tout simplement.
Car le récit même est toujours fascinant. Et puis, pour toutes les chansons (à l'exception de "Mother"), il y a un traitement de premier ordre, à tel point que pour les titres n'ayant pas eu de nouveaux arrangements, il est difficile de les écouter de nouveau sur le disque sans visualiser les images du film. Ces nouveaux arrangements qui peuvent perturber (surtout pour "stop" !), mais qui sont surtout salutaires. Elles contribuent totalement à l'ambiance du produit. Le meilleur n'est pas pour autant dans le live, c'est surtout les animations de Gérald Scarfe qui sont complètement bluffants ! Des délices de surréalisme, des illustrations folles et philosophiques. Il suffit de regarder l'adaptation de "the trial" (avec son juge au design audacieux) pour en être persuadé.
Tout ça fait qu'on passe un grand moment, atypique et beau. C'est juste que ce n'est pas un moment de cinéma, c’est un moment d'illusions visuelles, je dirais. Ce qui n'est pas désagréable du tout.