Sans aucuns liens, il se tient bien

En 1938, Walt Disney nous éblouissait, frappant d’un coup de maitre le monde de l’animation avec Blanche Neige et les sept nains. Trois ans plus tard, en pleine seconde guerre mondiale, ses studios, qui avaient commencés plusieurs productions, sortent d’abord leur deuxième long métrage, Pinocchio, inspiré du conte de Carlo Collodi, Les Aventures de Pinocchio, publié en 1881. Disney est-il parvenu à faire aussi bien que Blanche neige et les sept nains?


Un des plus beaux films Disney jamais réalisés


Tout comme la plupart des réinterprétations des contes de fées à la sauce Disney, on ne compte plus le nombre d’interprétations pour Pinocchio. Pas toujours de bonnes qualités, de mon point de vue, les deux meilleures qui sortent du lot : la version de Steve Barron en 2001, et celle de Disney. Pour la version de Disney, on a choisit un rythme jonglant à la fois entre le posé et le rythmé. Malgré quelques lenteurs, ce film m’amuse, me fait retomber en enfance, m’éblouit par toute cette magie féérique qu’il dégage.


Tout est précis que ce soit en premier plan ou en arrière plan. Prenez le temps de voir chaques détails dans les peintures comme par exemple les effets de transparence dans l’aquarium de Cléo. Une pure merveille esthétique, un récit riche, des décors ayant une architecture alliant style Italien et style Germanique, des séquences cultes qui encore aujourd’hui, font leur petit effet. C’est là qu’on comprend pourquoi ce film a émerveillé des générations entières de spectateurs. Comment oublier la scène où Pinocchio à le nez qui s’allonge en mentant pour la première fois? Personnellement, je suis grand fan de la séquence de l’ile enchantée. Du vrai génie quand on voit que ce lieu passe lentement mais surement d’endroit fun et fabuleux, à un endroit cauchemardesque pour les enfants. Pinocchio ne compte pas que des zones sombres et sérieuses, il compte bien aussi vous apporter quelques mignonneries. A force, vous connaissez la chanson, Disney ne serait pas Disney s’il n’y avait pas de petits animaux tous mignons accompagnants notre protagoniste.


Dans Pinocchio, on a de quoi faire avec non pas un petit animal de compagnie mais deux : Le curieux, le taquin, petit chaton noir Figaro qui a la personnalité d’un enfant gâté et joue le confident de Geppetto, et la petite Cléo, poisson rouge de sexe féminin, toujours souriante, un petit comportement de princesse, du fard à joues comme Blanche neige, manifestant clairement ses sentiments contre un peu de gratouilles sur le ventre. Il n’y a vraiment que Disney pour réussir à nous attendrir avec un simple poisson rouge. Il a beau être un insecte, on n’oublie pas le si petit mais si grand dans l’âme : Jiminy Cricket, notre narrateur qui joue un rôle important dans notre histoire puisqu’il est la conscience, le compagnon de Pinocchio. Un personnage élégant, attachant, drôle, la sagesse incarnée.


La magie Disney est partout. Visuellement et…musicalement bien sûr. Musiques, chansons, c’est somptueux, collant à la perfection à l’ambiance de l’œuvre, on est néanmoins loin de ce que nous offrait la puissante bande originale de Blanche Neige. Le film aura pourtant raflé deux oscars pour la meilleure musique et la meilleure chanson pour « Quand on prie la bonne étoile ». Chanson que vous connaissez tous, chanson qui parle à tout le monde, chanson qui deviendra l’hymne du studio, qui représentera Disney et qu’on entendra même dans les parcs quand on quitte Disneyland, histoire de nous déprimer un peu (comme d’un fait exprès ?). Le genre de chanson nous donnant l’espoir que nos rêves peuvent se réaliser. Comme styles de musiques, on retrouve dans Pinocchio pas mal de ballades, de morceaux symphoniques, un mélange de sons donnant une symphonie mécanique (la séquence des coucous, ces carillons de Geppetto sonnant en même temps), d’autres tous droits sortis du monde du théâtre (cf la séquence où Pinocchio devient brièvement acteur).



« Prouves-moi que tu es brave, toujours franc, loyal et obéissant et
un jour, tu pourras devenir un vrai petit garçon ».



Le voyage initiatique d’une marionnette qui voulait devenir un vrai petit garçon


Attention, petit sujet qui fâche. Blanche Neige et les sept nains était, si on mettait de coté le comique des nains, un film sombre. Pour Pinocchio, même si enfants et adultes se verront plonger en plein monde de l’enfance, même s’il ne sera pas dénué de douceur, le film n’en demeurera pas moins un conte de fée lui aussi sombre, cruel, impressionnant, où les choses se passent mal quand on ne suit pas les règles. En effet, si on met là aussi le coté amusant du visuel et le comique apporté grâce aux personnages de Jiminy Cricket qui fait parfois office de narrateur, le chat Figaro et le poisson Cléo, Pinocchio est un film qui, en plus d’opté quelques fois pour un visuel effrayant (l’apparence de la baleine Monstro en tête), aborde des sujets sérieux. Rempli d’enjeux, il délivre aux petits comme aux plus grands des messages, des réflexions sur l’enfance, l’éducation, le mensonge, l’amour parental, la cupidité et la tentation.


Comme pour chaque héros du monde de Disney, Pinocchio est un film d’animation ayant pour but, en plus d’apporter cette touche de magie, d’aider les enfants à mieux cerner le monde qui les entoure. Apprendre ce qui est bon, ce qui est mauvais, emprunter le bon chemin. Ici, on va pratiquement leur montrer TOUT ce qu’il ne faut pas faire. Parce que oui, Pinocchio, en plus d’être naïf, c’est un vaniteux ascendant têtu qui tombera facilement dans tous les travers au lieu de se comporter convenablement. La scène où il débarquera sur l’ile enchantée en est l’exemple typique.



« La conscience c’est cette tranquille petite voix que personne ne
veut entendre. C’est à cause de ça que tout va mal de nos jours ».



Aussi dérangeant qu’émouvant et extraordinaire


Nous suivons donc les aventures, le voyage initiatique de ce petit pantin à la mentalité d’enfant, qui devra faire ses preuves, apprendre de ses erreurs, apprendre à écouter les bons conseils de Jiminy, choisir la bonne voie, toujours dire la vérité au risque d’avoir des problèmes « nasaux », et ainsi, devenir un vrai petit garçon. Au cours de ses aventures, notre marionnette fera de mauvaises rencontres qui en découleront de lourdes conséquences : Grand coquin, renard qui a l’art de profiter des plus faibles et son partenaire Gédéon, un chat muet un peu simplet qui ne fait que de le suivre et obéir à ses ordres, ou bien Crapule, un petit garçon mal élevé et turbulent (en même temps : c’est un ROUX !) dont Pinocchio prendra pour modèle. On garde le meilleur pour la fin avec non pas un mais DEUX méchants aux projets diaboliques : Stromboli, gros bonhomme à l’accent Italien, avide de succès, travaillant comme montreur de marionnettes, ou bien encore Le cocher, vieux bonhomme rondouillard au rire sadique qui a pour but d’emmener les enfants sur l’ile aux plaisirs, lieu où ils peuvent s’amuser, tout casser, manger à gogo, fumer, boire à volonté et ne rien payer.


Pinocchio, il est influençable, parfois agaçant de par sa naïveté, cependant, il est innocent, ne comprendra pas la menace que représentera les personnages qu’il croisera sur sa route. Détourné de son chemin le conduisant à l’école par Grand coquin et son acolyte qui le manipuleront et se serviront de son absence de conscience, le pauvre, livré à lui-même, devra affronter divers défis et ce, malgré la présence de Jiminy parfois séparé de ce dernier. On ne le lui en veut pas à lui qui vient de prendre vie, qui n’est qu’un enfant découvrant à peine la réalité du monde qui l’entoure. Pendant ce temps, Geppetto prouvera aux spectateurs qui doutaient de lui, à quel point il est un père admirable.


Au final, Pinocchio a beau ne pas être un de mes films favoris, il n’en demeure pas moins un incontournable, un classique des studios Disney. Des personnages attachants, des musiques somptueuses, de la magie, un ensemble de valeurs humaines positives et saines, des passages mythiques et cultes, une prouesse technique en matière d’animation, du rire, du bonheur, de la tendresse, des larmes, un visuel riche et détaillé rendant l’œuvre captivante du début jusqu’à la fin. Restera juste sa morale un peu douteuse si on y réfléchit de plus près. Qu’importe, le film remplit sa part : nous faire retomber en enfance. Pour moi, c’est gagné. Un grand bravo à l’équipe du film qui a tout donnée pour ce chef d’œuvre.

Jay77
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le 28 févr. 2017

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Jay77

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