Peter Weir période Australienne, jeune et déjà ma^tre de son cinéma
Peter Weir, sur sa terre natale, encore loin d'Hollywood, dresse le portrait d'un pensionnat pour jeunes filles de bonne famille du début du siècle dernier. L'éducation rigoriste anglaise est observée à la focale longue comme si la distance permettait de révéler quelque chose d'enfoui. Un secret, un mystère, un non-dit que cette micro-société s'échine à refouler. L'onirisme de la lumière et la candeur du regard posée sur la chair immaculée de ses jeunes filles finissent de souligner une étrangeté. Brutalité muette et fragilité se marient dans un flot d'images d'apparence naturelles mais à la poésie troublante. Puis quelques filles disparaissent. Le film vient de commencer.
Beaucoup reconnaissent aujourd'hui la parenté indéniable entre ce jeune film de Weir et le Virgin suicide de Sophia Copolla, qui lui emprunte tout ou presque, de l'imaginaire à la lumière en passant par sa conclusion, c'est à dire son absence de réponse.
Mais là où le film modèle de Weir est indépassable, c'est dans sa quête, sa pugnacité à explorer toutes les pistes. Même celle, fantasque, de l'enlèvement extra-terrestre. Dans cette course effrénée à l'explication se dresse un portrait faussement naïf de la société australienne, faite de civilisation des convenances et de terres de mystères. Une société surtout coupable, arc-boutée dans le déni. Dès lors, à quoi servirait-il que le cinéma réponde (plus encore dans le Director's cut qui ne réfute même plus l'option du fantastique), puisqu'il est inutile de dénoncer ce que personne ne veux savoir. Son seul pourvoir est de ressusciter la beauté évanescente des adolescentes. Et de rappeler à quel point celle-ci irradiait.
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