Je ne connaissais pas du tout ce film jusqu'à ce que j'en entende parler dans une chronique vidéo parlant de Virgin Suicide.
Sa description, reprenant le carton du début du film, semblait expédier les faits, comme si ceux-ci ne nous seraient d'aucune utilité, sans importance. L'intérêt serait au delà des faits et il ne m'en faudra pas plus pour nourrir de grandes attentes.
Attention, tout spoiler sera signalé mais c'est clairement un film à voir sans rien en savoir.
Quand un film s'attarde plus volontiers sur la transmission des émotions que des faits, il divise énormément. On se met plus aisément d'accord sur le résultat d'une addition, fusse-t-elle de faits, que sur la perception d'émotions. Bien plus de subjectivités sont en jeu.
Suivant l'errance puis la perte d'un groupe de jeunes pensionnaires au début du siècle dernier sur fond de flûte de pan, il n'est pas étonnant que la première partie du film puisse dérouter, voir rebuter. Pour ma part, elle m'a envoûté.
On ne saura jamais ce qu'il est advenu des disparues mais plus important encore, le film ne nous permet pas de nous raccrocher à la plausibilité d'une explication.
Un suicide collectif, un accident ? Dans ce cas où sont passés les corps ?
Une agression ? Alors pourquoi l'enseignante partie à la recherche de ses élèves s'est déshabillée sur le chemin ?
Non, comme les personnages nous resterons sans réponse.
Le film nous décrira alors les conséquences sur ceux qui les ont connues à divers degrés, seulement aperçues pour certains.
Plus qu'une description, s'est plutôt un partage que met en place le film. Nous partageons, spectateurs et protagonistes les mêmes questions et nous finirons par partager les mêmes frustrations et obsessions. Ce jeu de miroir a le double intérêt d'une construction intéressante à découvrir et d'une identification forte.
Michael, c'est le spectateur. Comme nous, il ne fait qu'apercevoir ces jeunes filles, suffisamment pour prendre la mesure de leur beauté, pas assez pour que la réalité la ternisse. Une image forte aussitôt brisée qu'on ne peu se résigner à oublier.
Clairement un coup de cœur 40 ans après sa sortie.
Un beau film que l'on se doit de visionner même si, comme moi, on est, à priori, pas un fan de l'imagerie pensionnat 1900.