Shake your piranhass

Sorte de remake du sympathique "Piranhas" de Joe Dante, le film d'Alexandre Aja se veut à mi-chemin entre la parodie, et le gore décomplexé. Il nous propose d'assister au massacre d'étudiants torchés en plein spring break, par un banc de piranhas préhistoriques affamés.

Il y aurait pu avoir quelque chose de réjouissant à voir se faire dévorer ces étudiants présentés comme des demeurés lubriques carburants à la bière et à la soupe musicale. En effet, les hommes sont tous des beaufs ultra vulgaires, et les femmes des naïades sculpturales. Le problème, c'est que cela aurait nécessiter de manier avec adresse le second degré, ce qui n'est clairement pas le cas ici.

Car pour insister sur la beauferie de ses personnages, Aja se lance lui-même dans un concours de complaisance et de vulgarité. Gore sans intérêt, plans nichons totalement gratuits, personnages ahuris : le film apparait aussi idiot et moche que ce qui s'y déroule.

Et le reste en pâtit. Les dialogues ne volent pas haut, les acteurs sont très moyens dans l'ensemble, et on se fiche totalement des sous-intrigues ou des protagonistes. En même temps, quand le film dure 1h25 et qu'on aligne les popotins qui se trémoussent, il ne reste plus beaucoup de temps pour développer ses personnages !

Sans compter des piranhas numériques grossiers. Au niveaux effets visuels, l'ironie est que le film a allègrement vendu sa 3D, alors qu'il a été tourné en 2D puis converti...

Bon, il y a tout de même deux ou trois choses qui ressortent. Les jolis paysages d'Arizona. L'idée (totalement sous-exploitée) d'avoir embauché Richard Dreyfuss pour jouer la première victime, ersatz de son personnage de "Jaws". Jerry O'Connell en pornographe butor (le seul qui parvient à faire fonctionner du second degré). Et une étonnante scène de nudité subaquatique, qui ravira les (a)mateurs, incluant la mannequin Kelly Brook et l'actrice X Riley Steele (qui n'est d'ailleurs pas la seule du business à faire une apparition).