Il y a des films comme ça, vous leur vouez un amour inconditionnel malgré ses défauts. Des films qui, à un moment dans votre vie, ont eu une importance. Et ce n’est pas vraiment le cas me concernant avec Pirates des Caraïbes Jusqu’au Bout du Monde. Oui, j’ai de la nostalgie vis-à-vis de ce film. Oui, je l’ai vu au cinéma à l’époque en 2007 et je m’en souviens encore. Mais même si j’ai beaucoup vu Pirates des Caraïbes quand j’étais petit, ça a jamais été une trilogie qui compte vraiment. J’adore cette saga, j’adore ce qui se raconte, mais je ne me sens jamais profondément en osmose devant ces films comme ça pourrait être le cas avec la trilogie Spiderman ou Terminator.
Et pourtant, quatorze ans après sa sortie, je continue de penser que Pirates des Caraïbes Jusqu’au Bout du Monde est un des plus gros kiffs cinématographiques de ma vie. Oui, il y a des défauts, oui le scénario est quelques fois brinquebalant, il y a de la surenchère dans cette proposition cinématographique. Mais en toute honnêteté, il s’agit d’un des plus beaux films que j’ai pu voir. Malgré ses défauts.
Jusqu’au Bout du Monde fait suite aux enjeux exposés par Le Secret du Coffre Maudit et La Malédiction du Black Pearl, il est le point culminant d’un récit qui s’étend sur plusieurs films, la conclusion de tout ce que Gore Verbinski a à raconter avec ses pirates. Ce troisième volet, c’est le moment unique qu’a eu Verbinski pour libérer tout ce qu’il avait sur le cœur. Toutes ses idées visuelles, ses ambitions artistiques, ses délires, ils sont là. Tel un feu d’artifice, Verbinski balance tout, il a le budget pour, il a toute une équipe qui le suit, un Zimmer au top de sa forme, un Depp totalement investit. Jusqu’au Bout du Monde, c’est ni plus ni moins l’apothéose de son réalisateur, et vous savez quoi, juste pour ce film, je suis en mesure de dire que j’aime le cinéma de Gore Verbinski.
J’aime la photographie qu’il donne à son univers. Je disais que Jusqu’au Bout du Monde était un des plus beaux films du monde, et quand je le dis, je pense surtout à la photographie. Bon dieu, que j’aime l’univers visuel qui se dégage des Pirates des Caraïbes. J’aime à quel point les personnages sont sales et mal habillés, j’aime le chara design de Davy Jones et des membres du Hollandais Volant, j’aime ces plans de simple contemplation sur l’horizon de la mer, et j’aime la musique de Zimmer qui offre au tout, un souffle épique et prodigieux.
Jusqu’au Bout du Monde, c’est aussi une bataille finale aussi spectaculaire que parfaitement orchestrée. La séquence du maelström qui sert de climax est très certainement un de mes moments préférés dans l’histoire du cinéma. Tous les arcs narratifs du récit mènent à ce que ce climax soit le plus grandiose possible (et dieu sait qu’il y en a des intrigues dans ce film). Et là encore, tout est au service de la surenchère et de la démesure. Le mariage entre Elizabeth et Will au cœur de cette bataille épique et totalement bordélique ne me surprend même plus puisque depuis longtemps déjà dans le film, le cap de l’invraisemblable a été franchi.
Et je sais que beaucoup ont buté sur le scénario qui comporte énormément de sous-intrigues. Mais c’est quelque chose qui a toujours fait sens à mes yeux. On est dans un film de pirates, chaque protagoniste sert ses intérêts et a son propre plan. Alors oui, c’est bordélique à souhait (notamment parce que Jack Sparrow et Will Turner passent leur temps à retourner leurs vestes), mais pour moi, ça ne donne pas un résultat brouillon. On accepte bien la complexité d’un Dark Knight, alors pourquoi la refuserions-nous à Jusqu’au Bout du Monde. D’autant plus que dès son introduction, le film s’impose comme une proposition bien plus sombre et sérieuse que les précédents opus. Gore Verbinski ne cache pas ses intentions, il voulait un film complexe, riche et plein d’envergure, et c’est exactement ce qu’il nous a donné.
Dès lors, Jusqu’au Bout du Monde est un film qui donne tout ce qu’il promet, et surtout, il donne tout ce qu’il peut donner. Jusqu’au Bout du Monde est un véritable plaisir cinématographique. Une jouissance visuelle tant les effets spéciaux sont ébouriffants, une jouissance auditive tant Zimmer se lâche dans ses compositions et ses instrumentalisations, bref, un pur moment de cinéma au souffle épique et lyrique. Un chef d’œuvre.