Quand j’étais gamin, je ne jouais pas aux cowboys et aux indiens, n'ayant jamais eu de veritable intérêt pour cette mythologie par trop éloignée de mon imaginaire.
Lorsqu'il m'arrivait de jouer aux gendarmes et aux voleurs, je prenais volontier le rôle du voleur que je trouvais bien plus amusant.
Mais s'il y avait un monde fantasque dans lequel j'aimais me projeter, c'était bel et bien celui des pirates.
Combien de fois je me lançais à la poursuite de quelques trésors fabuleux avec mon équipage de fiers soudards (constitués exclusivement de mes ours en peluche) sur mon navire (la table de la salle à manger qui avec son banc me donnait accès à trois niveaux), le plus rapide au monde bien entendu, sur les océans du monde entier.
J'attaquais les navires adverses (le canapé du salon) à coup de boulets de canon (des coussins aux couleurs chamarées) ou mettais à sac des villes entières (le reste du salon). Je fus plus d'une fois mis au fer pour mes dépredations par les autorités (renvoyé dans ma chambre par ma mère à cause d'un bibelot ou d'un vase cassé par une salve bien sentie de "mes boulets de cannon'), mais ma ruse (la clémence de ma si gentille maman) me permettait toujours de m'en sortir et de repartir sur les sept mers en maudit pirate que j'étais.
Bref, je m'amusais comme un petit fou, et figurez vous que lorsque je regarde une table même aujourd'hui, il m'arrive lorsque je plisse les yeux d'y voir un fier vaisseau qui n'attend que moi et mon équipage.
N'ayant pas particulièrement envie d'être enfermé ches les dinguos, je fais ce que je peux pour réfréner l'envie de me jeter sur la table à pied joint en hurlant:" yo ho! hissez la grand voile bande de ruffian, et pas de quartier! ". J'y suis parvenu jusqu'a aujourd'hui, mais jusqu'à quand?
Et ce n'est pas la série de films Pirates des Caraïbes qui va m'aider à entretenir l'illusion que je suis un adulte sérieux et responsable (si tant est que qui que ce soit me connaissant puisse y croire un instant).
Car il faut bien avouer que le premier film de Gore Verbinski à tout en lui pour réveiller cette passion de la piraterie qui sommeille en moi et que je cherche à contenir..


Pirates des Caraibes: la Malédiction du Black Pearl est basé sur une attraction du parc de l'oncle Walt Disney. Pour beaucoup de gardiens du bon goût cinématographique, il y aurait déjà dans ses origines tous les motifs à exercer à son encontre une justice expéditive par critique sardonique interposée jusqu'à ce que mort (ou déshonneur) s'en suive.
Allez savoir pourquoi, les attractions, l'amusement, et le plaisir sont considérés par certains comme une espèce de faute à l'encontre du bon goût.


Pour l'adulte sérieux qui est en moi, le premier film de la trilogie de Gore Verbinski est un bon film, aux qualites de production indéniables, aux effets spéciaux maîtrisés et qui ne sont pas uniquement constitués d'une bouillie numérique, mais au contraire rempli d'effets concrets qui invitent au rêve. Et même lorsqu'il y a des effets numériques, tels que les superbes pirates morts-vivants, ceux-ci sont fait avec goût et un sens esthétique certain (notamment au niveau de la lumière).
C'est également un film dont le casting est tout bonnement parfait. Que ce soit Keira Knightley en jeune noble se rêvant pirate, Jonathan Price comme toujours d'une grande justesse avec une économie dans son jeu qui colle parfaitement à la personnalité qu'il doit incarner à l'écran, Orlando Bloom qu'on critique il me semble à tort tant il incarne parfaitement William Turner et son évolution que ce soit dans ce film ou les suivants, Joffrey Rush impeccable et cabotin juste ce qu'il faut en capitaine Barbossa, ou tout le casting de second rôle qui est parfait. Le clou du spectacle étant Johnny Depp qui crée un des personnages les plus iconiques du film d'aventure à travers son rôle du Capitaine Jack Sparrow (Depp sera d'ailleur dans la suite de sa carrière un peu victime du succès de ce personnage qu'il a largement contribué à créer en ayant tendance à peupler ses rôles d'erzats de Jack. Une victime de plus du syndrome de Clavier-qui lui aussi n'a plus fait par la suite que des pâles copies de son double rôle dans les visiteurs-)
L'adulte qui est en moi ajouterait que la réalisation de Verbinski est parfaite en ce sens qu'elle évite les effets m'as-tu-vu et se fait oublier pour laisser toute latitude à l'histoire et à ses acteurs.
L'intrigue est également parfaite dans sa construction et son utilisation des figures imposées du genre telle que les changements d'allégeances incessants, les serments et promesses perfides. Bref une sournoiserie de chaque instant.
Ajoutons y de belles chorégraphies de combat et on sera forcément appreciateur du spectacle qui nous est proposé tout au long de deux heures vingt sans le moindre ennui.


L'enfant de huit ans qui vivra à jamais en moi et qui continue à voir dans des coussins, des boulets de canon, et en des tables, de fiers navires taillés pour l'aventure, a sauté de joie de canapé en canapé pendant toute la durée de ce revisionnage du film, se moquant bien de la technique, ou de l'analyse, mais appreciant simplement à sa juste valeur un merveilleux tour sur une attraction à sensation forte.
Ce gamin aurait probablement eu des posters de Jack Sparrow et des maquettes du Black Pearl dans sa chambre s'il avait vu ce film à l'époque. Et c'est à peu près sur que Pirates des Caraïbes:La Malediction du Black Pearl eut été un de ses films préférés.
L'adulte que je suis pourrait trouver l'enthousiasme de son jeune moi excessif, mais il le voit trop s'amuser pour avoir envie de lui gâcher la fête avec des remarques qui seraient peut-etre un peu mesquines aux regards des réussites nombreuses de cette Pirate-Fantasy savoureuse.

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le 8 févr. 2020

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Samu-L

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