En sérieuse perte de vitesse depuis quelques années maintenant (son dernier vrai bon film doit remonter au touchant Funny People), le comédien Adam Sandler propose alors à Columbia Pictures de produire, en collaboration avec Happy Madison Productions, sa boîte de production à lui, une adaptation de l'excellent court-métrage de Patrick Jean, Pixels. Une façon de se rapprocher d'un nouveau public, Sandler faisant clairement un appel du pied aux gamers et aux nostalgiques des 80's.
Un temps envisagé pour Seth Gordon, réalisateur du documentaire The King of Kong, retraçant le duel opposant Billy Mitchell et Steve Wiebe pour le titre de champion du monde de Donkey Kong (ce qui aurait apporté une certaine cohérence malgré le fait que Gordon ai accouché par la suite de comédies sacrément moisies), Pixels finira entre les mains de Chris Columbus, scénariste d'une poignée de classiques des années 80 (tiens, tiens) comme Gremlins et Young Sherlock Holmes.
Manque de bol pour le spectateur espérant un spectacle à la fois délirant, respectueux et nostalgique à la Ghostbusters, il y a deux éléments importants à prendre en compte. Tout d'abord, il faut reconnaître que malgré quelques succès indéniables au box-office, Chris Columbus est devenu depuis longtemps un faiseur sans âme, alignant les méfaits franchement embarrassants tels que Percy Jackson, Stepmom ou I Love you, Beth Cooper.
Ensuite, il est clair que Adam Sandler et ses potes n'y connaissent absolument rien dans l'univers qu'ils adaptent et ne font aucun effort pour remédier à ça. En plus d'être clairement incohérent dans l'utilisation de ses références (alors que les aliens du film sont censés reproduire des personnages issus d'une VHS datant de 1982, voilà-t-y pas que se pointent Paperboy ou Tetris, conçus en... 1984 !), Pixels nous rabâche un discours de vieux con (les jeux sont devenus violents, à mon époque on avait pas de reset...), paradoxalement le même que pouvait tenir certains parents bien-pensants à l'arrivée de ce nouveau médium.
Bien que budgétisé à cent millions de dollars, Pixels est donc un triste spectacle, ne proposant finalement que très peu d'action sur près de deux heures (hormis les cinq minutes de chasse au Pac-Man en milieu de film, il faut quand même attendre les vingt dernières minutes pour que ça se réveille), préférant évidemment nous "offrir" une comédie interminable et pas drôle, insultante (en gros, les militaires sont des brutes épaisses, les femmes sont des trophées, les indiens font forcément des demandes en mariage devant le Taj Mahal et les geeks sont des puceaux hystériques), se contentant de jouer la carte du fan-service qui tâche en guise de climax et se vautrant carrément dans une misogynie d'un autre âge à l'occasion d'un gag final tout simplement abject. Les amoureux de Q*bert ayant vu le film sauront de quoi je parle.
Hormis des effets spéciaux d'une bonne tenue et la présence toujours appréciable d'un Peter Dinklage qui aurait mieux fait de se casser une jambe, Pixels est un sacré naufrage, une preuve malheureuse de plus qu'Hollywood n'a pas fini de racoler comme une vieille pute tuberculeuse un public qu'elle ne connait pas et qu'elle regarde avec le plus dégueulasse des mépris.