Sympathique, sincère et plaisant, ce feel-good movie social n'en demeure pas moins trivial et prévis

Des œuvres mettant en scène des adolescents en difficulté dans des structures spécialisées, il n’y en a pas eu tant que cela. Mais on a pourtant l’impression d’en avoir vu pas mal. Et c’est certainement dû au fait que beaucoup de films mettant en scène ce type de personnages prennent généralement place sur les bancs de l’école. Du très beau « Les Héritiers » au plus drôle « Le plus beau métier du monde » pour la France au culte « Esprits rebelles » ou « Écrire pour exister » de l’autre côté de l’Atlantique, les exemples sont nombreux. Mais il y a tout de même eu le très beau film d’Emmanuelle Bercot intitulé « La Tête haute » qui prenait vraiment place dans un foyer et se positionnait comme un drame. Avec « Placés » on est davantage dans la tradition du feel-good movie social. Le film est baigné dans une bonne humeur communicative et s’il ne verse pas dans la comédie pure et simple, il nous cueille par ses moments à la fois drôles et tendres. Ce sont surtout les jeunes acteurs non professionnels dotés d’une sacrée répartie, que l’on suppose d’ailleurs souvent improvisée, qui nous font rire.

Pour son premier film derrière la caméra, Nessim Chikhaoui, le scénariste des « Tuche », revient sur sa propre expérience d’éducateur spécialisé en distillant ses souvenirs dans un scénario en partie autobiographique. C’est ce qui confère à « Placés » cette impression continuelle de réalisme et de véracité. Les situations et les personnages sonnent vrais, on ne peut le nier, et cela permet au spectateur d’entrer dans ce microcosme avec sérieux. Un peu comme ont pu le faire Grand Corps Malade dans « Patients » avec les personnes handicapées ou le tandem Toledano-Nakache dans « Hors normes » avec les adolescents autistes en difficulté. Deux films qui adoptaient la même démarche juste et bienveillante. On ne pourra donc pas critiquer la démarche même si on sent tout de même que tout cela est un peu enjolivé pour le cinéma.

En effet, le double happy-end semble quelque peu forcé et trop beau pour être vrai mais il fonctionne et on ne pourra s’empêcher d’avoir la larmichette à l’œil lors du final. Chaque protagoniste, adolescent comme éducateur, répond à des traits de caractère bien définis. Des traits de personnalité provenant certainement des souvenirs du réalisateur qui sont mis pêle-mêle sur les personnages mais de manière assez judicieuse pour que chacun ne se limite pas à être un cliché sur pattes. Cependant, tout cela reste très prévisible. On connaît d’avance la progression de l’intrigue et comment cela va se terminer. Une étrange impression de déjà-vu et de trivialité se dégage de « Placés ». Ce qui n’est pas désagréable en soi mais qui, couplé à une mise en scène tout juste illustrative et proche du téléfilm, ne permet pas à ce gentil film d’être plus que sympathique et distrayant.

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